Scorsese avait raison

Nan mais quelle immense daube ce n'est pas possible... Ce film donne raison à Scorsese quand il disait que les films de super-héros ne sont pas du cinéma. Deadpool & Wolverine n'est pas du cinéma. C'est une vidéo, un clip au mieux. Il n'y a rien qui va. Le scénario est complètement à l'ouest. On commence avec un flashforward que l'on rejoindra 15 minutes plus tard, ce qui ne sert à rien. Dans cette scène, il dézingue de gens avec le cadavre de Wolverine, parce qu'apparemment, c'est censé être drôle. On passe ensuite à Deadpool qui passe un entretien pour rejoindre les Avengers (paye ton anti héros qui doit être en marge), puis on le reprend travaillant dans une concession automobile, puis il se fait kidnapper par la CIA du multivers. C'est quoi cet enchaînement de scène ? C'est quoi le projet ? C'est quoi l'enjeu du film ? Viens en au fait !

On a ensuite un gars de la CIA du multivers qui balance les infos comme quoi l'univers de Deadpool va crever et qu'il doit... l'accepter... Je ne sais pas pourquoi il a fait venir Deadpool en fait. On ne sait pas en quoi il est spécial et va changer quoi que ce soit. En fait ce personnage de la CIA du multivers sert uniquement à balancer les enjeux du film. Le mec débarque à une ou deux reprise pour dire "voilà, il se passe ça, va faire ça stp". Quelle paresse d'écriture, quelle incompétence, c'est surréaliste. Et jamais rien n'est tangible ou concret dans ce film, tout est toujours dit verbalement et rien n'a jamais de poids. C'est à l'image de la fin. Comme dit par le mec de la CIA, il faut sauver le multivers en stoppant une machine. Sauf qu'on a aucune idée de ce qu'est le multivers, on ne voit pas le danger en cours donc il n'y a rien de prenant. Même le remake des 4 fantastiques de Trank montrait le monde se faire détruire par Doom. Donc on se retrouve juste avec les deux guignols qui grognent au milieu d'effets spéciaux colorés pour arrêter la machine de la mort qui tue... Mais c'est complètement vide et désincarné. Imaginez, c'est comme si dans le 1er X-men, le professeur Xavier va chercher Wolverine bourré dans un bar pour lui dire d'aller arrêter Magneto parce qu'il a une machine qui va transformer tout le monde en mutant. Une machine qu'on ne verra jamais à l'œuvre et que Wolverine arrêtera à la fin sans lutter contre Magneto qui va crever dans son coin.

D'ailleurs, la méchante. Elle veut contrôler le monde ou le détruire... Parce que... Voilà, c'est comme ça, elle est méchante. C'est vraiment la méchante, elle n'a aucun lien avec les personnages. C'est l'obstacle du film, parce qu'il en faut un. En plus elle a le putain d'anneau magique qui permet de sortir en un tour de doigt de l'espèce de purgatoire du multivers où ils sont tous. Question, pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? Il y a ensuite un passage où les deux clampins sont récupérés par d'autres héros has been de Marvel/Fox. Certains y ont vu un chant du cygne pour ces héros nuls. Alors, Blade a eu sa trilogie, X23 est dans l'un des films les plus respecté du genre, Gambit n'a jamais eu son film, c'est presque une private joke pour les connaisseurs. Encore un truc qui tombe à l'eau. Ils débarquent pour faire la bagarre puis on a ensuite une armée de variants de Deadpool qui débarque pour les attaquer. Pourquoi ? Aucune idée. Ça sort de nul part, sans aucun rapport avec tout ce qu'on a vu avant.

En vrai, c'était possible de faire un gros délire insensé, un enchaînement délirant décousu et jubilatoire, déconstruisant la forme classique du film de super-héros. Mais nan, Deadpool, le film censé être irrévérencieux n'a pas la moindre ambition de la sorte. Le film joue trop la carte du sérieux dans le fond, comme dans n'importe quel film. Il faut sauver le monde, ou les mondes dans ce cas. Se faire des alliés sur la route, vaincre la mechante, blablabla... On juste un peu de sang par-ci par-là, des blagues sur le zizi, des références pourries adressées directement au spectateur. De l'irrévérence de bac à sable pour que Jean-Kévin 14 ans puisse dire lundi matin à ses camarades de 4ème qu'il a vu un vrai film de thug.

Le pauvre Hugh Jackman est revenu pour ça. Des réals se sont cassés le cul pour le rendre un peu tangible au fils des films. Mais là, c'est un personnage de cartoon et une caricature de lui-même. Il est littéralement trainé ivre dans ce film. On nous dit que c'est le pire Wolverine, que tout son monde a crevé... On nous le dit. C'est comme ça, prend la bio et tait toi. C'est Wolverine, il a souffert, il a des griffes et son costume jaune poussin ridicule et ça va bien se passer, bon film les gueux ! Et son masque bordel... Mais c'est d'un ridicule. Les gens qui gueulent à la fidélité envers les comics, il faut les enfermer. Qu'est-ce qu'on s'en moque d'être fidèle au comics. À la base, ce sont des torche-culs de 30 pages vendus 5 centimes à la sortie du métro. On s'en cogne de vos comics pourris ! Si le costume jaune n'a jamais été porté c'est qu'il y a un raison.

Ce qui me fait marrer aussi, c'est que le film joue sur le multivers, l'infinité des possibles... Tout ça pour aller te chercher la version la plus basique du personnage. Le Hugh Jackman qu'on connaît depuis 20 ans avec son costume ultra connu que tout le monde attend. Paye ta folie du multivers. On en parle des décors ? Les terrains vagues, les ruelles, les forêts. Woao, quel film, quelle direction artistique. Il y a quand même un petit montage avec plusieurs variants de Wolverine et n'importe lequel d'entre eux aurait été infiniment plus intéressant que ce qu'on a eu !!! Bordel, je veux un film sur l'univers post-apo du Wolverine mancho, le vieux qui tient sa bicoque dans les bois ou celui crucifié ! Ou avec Henry Cavill. C'est bon, ça fait plus de 20 ans qu'on se tape Hugh Jackman. Enfin il y aurait une surprise. Mais nan, studio nous balance la caricature de celui qu'on connaît depuis des années.

Au niveau humour, il n'y a pas une blague de drôle. D'ailleurs, il n'y a pas eu des masses de rire dans la sale. C'est Ryan Reynolds qui s'emploie à montrer son absence de comique pendant 2 heures en faisant le genre de blagues qu'un vieux tente pour faire rire les jeunes. Il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait un humour qui découle de la mise en scène, non, c'est juste des blague nulles. Il y a une blague comme quoi on aurait attendu une baston entre Wolverine et son frère pendant des années. J'ai vu tous les X men quand j'étais jeune, personnellement, j'en ai rien à cirer que les deux se bastonnent. Je l'ai déjà vu dans deux films...

La mise en scène est inexistante. Shawn Levy est le nouveau larbin de Reynolds qui doit décider lui-même de comment faire pour filmer ses blagues pipi caca. Les combats sont illisibles et nuls. La baston contre les Deadpool en travelling latéral est navrante. C'est mou, c'est chiant, tout le monde se superpose, on ne sait pas où regarder. L'autre avec son masque à aileron est ridicule à un niveau stratosphérique. La musique n'est pas en rythme. D'ailleurs, la sélection musicale est en roue libre. Reynolds a dû piocher dans sa playlist de boomer des années 90. Il n'y a aucune cohérence. On nous fait 15 fois la blague de la musique ironique sur des scènes violentes. Une violence de cartoon bien sûr, c'est tellement grotesque ce qu'il se passe à l'écran que jamais rien ne va dégoûter ou faire jubiler. On enchaîne les micros séquences musicales à base de ralentis censés être cool, accompagné de musique pop. Et c'est en ça que je rapproche ce film davantage du clip que du film. Il n'y a rien qui se construit. C'est un enchaînement de trucs censés être cool pour faire plaisir, pour te stimuler... C'est un parc d'attraction.

Et j'en ai plein le zboub qu'on me parle d'irrévérence, d'un film qui sort des carcans habituels... Bordel, les mecs ont fait des partenariats avec des marques de bières, des marques de ketchup et moutarde, il y a des tonnes de produits dérivés autour de ce film. Il n'y pas plus dans le système que ce putain de film de merde. Vous pensez vraiment que des grandes entreprises mettraient leur profit en péril avec un film si irrévérencieux ? Rien que pour ça, ce film n'est qu'un objet commercial avec autant d'intérêt artistique d'une paire de Nike. C'est la petite dose d'antisystème donné par le système pour calmer tes ardeurs.

Je préfère 1000 fois me taper Elektra, Ghost Rider, Spawn, Green Lantern que cette immense purge. Au moins, ces films ont un côté nanardesque qui les rend amusants.