Depuis Bad Taste de Peter Jackson, c'est fou ce que la Nouvelle Zélande a engendré de productions horrificomiques, soutenues en prime par le CNC local ! En revanche, peu de ces films annoncent de véritables talents précoces, débrouillards et indéniables comme celui de Jackson, la plupart se vautrant dans un grand-guignolesque futile et peu inventif. Et ce Deathgasm, premier film de Jason Lei Howden (artisan des effets spéciaux sur des films tels que... Le Hobbit), alourdit ce constat.
Si on peut reprocher des choses à Howden, ce n'est cependant pas d'être opportuniste. Sa passion double pour le métal et les films d'horreur est indéniablement sincère, ce qui légitime pas mal son entreprise. Malheureusement, le réalisateur en herbe s'emballe bien trop vite : voulant à tout prix se montrer généreux envers son spectateur, il accouche d'un film bien trop frénétique et à l'emporte-pièce. Assommant dès le départ avec son montage hyper-vif qui règne sur une exposition bâclée des personnages, il déroule ensuite son film à la va-vite, ne se souciant guère des manques pourtant flagrants de son scénario. Ainsi, l'apocalypse survient tellement subitement qu'on se demande s'il ne manque pas une bobine ! Ces sautes du récit, surgissant comme sur un disque rayé, nuisent également aux personnages déjà minces (la plupart ne sont là que pour soutenir des vannes légères), comme celui de la voyante, inexistante sinon pour faire un point sur le récit, ou de la girlfriend du héros, passant sans transition de la sage écolière à la flingueuse de zombies experte. J'ai lu dans un article des propos du réalisateur se vantant d'avoir écrit le script en quelques jours ; il aurait eu grandement besoin de le peaufiner quelques jours de plus...
Toutefois, le duo de héros métalleux est assez intéressant pour tirer Deathgasm un peu plus haut : au bout d'un moment, leur amitié compliquée et conflictuelle est tout ce à quoi le spectateur peut se raccrocher. C'est surtout qu'à eux deux, ils permettent à Howden d'y aller à fond dans le mauvais goût, registre dans lequel il excelle presque autant que les œuvres de jeunesse de Peter Jackson. Entre tronçonneuses dans le fion et sextoys meurtriers, Deathgasm promet quand même quelques moments drôles et défoulant. De quoi égayer un peu cet apocalypse métal peuplé de deadites (car Evil Dead aussi continue d'inspirer éternellement les prods fauchées) qui, surtout sur un sentier aussi balisé, aurait mérité d'être un peu mieux fichu.