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Park Chan-wook nous bouscule d’entrée de jeu, avec une série de plans très rapides qui emmêlent les sujets et les personnes. Le film saura jouer de ces contrastes entre action lente et contraction soudaine de tous les fils de l’intrigue. Hae-Joon est inspecteur de police, bourreau de travail dont le mariage souffre davantage de son incapacité à se défaire de ses enquêtes que la distance géographique. Ses insomnies le plonge encore plus dans ses routines obsessionnelles, passant ses nuits en planque, faisant fondre la surveillance et le voyeurisme. Cet inspecteur déjà sur le fil croise la route de la magnétique Soe-Rae, qu’il suspecte d'avoir un peu précipité l'accident mortel de son mari.


Un jeu du chat et de la souris complexe s’installe entre eux, brouillant les rôles et inversant régulièrement les rapports de force. Chacun accorde bien trop d’attention à cet autre hors-limite, presque tabou, et donc si transgressif. Sur toute la première partie, l’appartement de Soe-Rae avec sa profondeur de champ picturale et ses boiseries sombres géométriques devient l’épicentre de ces renversements, où tout devient flou, et où l’on observe ces deux êtres comme dans un bocal. Leur dynamique est sinueuse, émaillée de digressions scénaristiques secondaires. On peut dire que le film prend son temps et frôle la répétition. Mais Park Chan-Wook maitrise l’esthétique de son film, que ce soit par la composition et les angles, ou par cette lumière fascinante. Même dans son artificialité, la scène finale de la mer nous reste en mémoire avec ses reflets rose sur les eaux bleu-grises.


Decision to leave et l’amour obsessionnel qu’il dépeint sont comme la mer que ses protagonistes affectionnent : composé de flux et reflux, qui s’absente aussi vite qu’il se présente, à la fois brusque et enveloppant.


Le film se perd cependant en seconde partie, traîne, se répète. Comme Hae-Joon, il est un peu brisé, et a du mal à progresser. La fin m’a laissé également assez perplexe, sans compter nombres de questions secondaires restées sans réponses. J’entends l’issue inéluctable d’un couple maudit, mais j’ai dû manquer d’une subtilité.


AlicePerron1
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le 11 juil. 2022

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Alice Perron

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