Profonde tension

Peter Berg est un réalisateur capable de faire de l'excellent (Du sang et des larmes, Le Royaume) comme du très mauvais (Battleship). Il lui arrive également de faire du moyen comme avec Hancock. Or, tout ces films ont un point commun : une incroyable mise en scène.

Deepwater est à ranger dans les excellents films de Berg, si ce n'est son meilleur. Il semble que mettre en scène des faits réels et une certaine Amérique sied parfaitement à ce réalisateur. Et ce long-métrage sur le désastre ayant causé la plus grande marée noire que les États-Unis ait connu permet une nouvelle fois de confirmer le talent de ce metteur en scène.

On suit donc l'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon qui a entraîné la mort de 11 personnes et le désastre écologique que l'on connaît. Mais ce que l'on ne connaît pas, c'est comment tout cela est arrivé et le courage qu'on montrer plusieurs personnes. Mark Walhberg, pour la deuxième fois chez Berg, joue un honnête travailleur américain et il n'est jamais aussi bon que dans ce type de rôle. Le véritable Mike Williams a fait preuve d'un courage incroyable et semble être un symbole d'une certaine Amérique, téméraire et courageuse. On aurait pus facilement tombé dans un patriotisme trop prononcé mais Berg ne s'amuse pas à creuser ce thème, tout juste façonne-t-il quelques plans sur le drapeau américain. Non, ce qui l'intéresse, ce sont les hommes et leurs vies. Chacun va tout mettre en œuvre pour essayer de rattraper les conséquences d'une mauvaise décision du à des cadres ne cherchant que le profit. Le réalisateur se concentre dès lors sur les visages en souffrance, les gestes de soutien et les actes de bravoures. Néanmoins, on peut regretter de ne pas s'attarder plus ce les conséquences écologiques de cette catastrophe, Berg ne semble pas réellement s'intéresser à cette thématique et seule une scène s'avère l'aborder. Bien qu'il aurait été intéressant de la gratter un peu plus, ce long-métrage se contente de réaliser un merveilleux film catastrophe et Berg le fait d'une magnifique manière.

Ainsi, sa réalisation est un sans faute. Les plans sont très beaux et la fluidité de la caméra nous transporte dans les entrailles du monstre qu'est Deepwater Horizon. La première heure s'intéresse aux personnes composant cette plateforme et s'intéresse à leurs métiers. Mais la tension règne, aussi bien entre les cadres de BP - louant la plateforme pétrolière - et l'équipage. Cette tension est magnifiée par la caméra de Berg s'enfonçant dans la mer et dans les tuyaux mais aussi par la bande-originale de Steve Jablonsky. Ce dernier réalise ici sa meilleure partition, angoissante à souhait et prenant aux tripes. Celle-ci s'intensifie graduellement pour exploser au même moment que la plateforme. La caméra quant elle suit cette explosion au plus près; elle virevolte, s'attache aux personnes comme unique point de repère et quelques plans larges viennent démontrer le gigantisme de ce désastre. Les employés ne peuvent plus rien faire, hormis sauver leurs peaux.

Les acteurs parviennent parfaitement à interpréter leurs rôles, terrifiés et courageux. Comme évoqué plus haut, Wahlberg est excellent et les performances de Kurt Russell et Dylan O'Brien le sont tout autant. Ils sont dépassés par les évènements mais ne lâchent pas l'affaire pour autant dès lors la détermination et la confiance entre chacun d'eux se ressent dans les regards et les marques d'attention. On peut également souligner les interprétations de l'extravagant John Malkovich - arrogant puis honteux - et de la subtile Gina Rodriguez.

Deepwater est donc un superbe film catastrophe aux ton juste, même s'il n'aborde pas le pan écologique de ce terrible incident. La réalisation de Peter Berg est très belle et nous tient en haleine du début à la fin grâce à une tension parfaitement maîtrisé. Il se hisse dans les plus belles réussites de 2016 mais aussi parmi les meilleurs films catastrophes de ces dernières années.