L’histoire nous est contée par des flash-backs. En effet, nous voyons ce que Arthur raconte à sa psychiatre avant d’être relâché dans la nature, c’est-à-dire avant sa sortie de prison. Elle essaye de le comprendre, se montre empathique, douce et elle le guide vers la raison, tentant plusieurs fois de savoir s’il croit avoir bien fait ou mal fait en tabassant le père de Kat (un pédophile) ou en voulant se faire justice soi-même.
Plus le temps avance dans le film, plus Defendor devient un véritable héros aux yeux de Kat (qui le prenait, avec raison, pour un simple taré de prime abord) mais également aux yeux de la population : on entend plusieurs fois des voix provenant d’une radio où des habitants témoignent leur respect et leur sympathie envers ce personnage. Bref : leur soutien.
Defendor n’est pas un film qui transcende, qui changera votre vie à tout jamais. Cependant, on peut relever des bons points majeurs quant à la performance des acteurs. Bien sûr Woody Harrelson est en tête de liste : sa faculté d’interpréter un personnage simplet qui reste complexe est touchante. Cet acteur est vraiment doué, pas seulement dans Defendor, mais c’est un registre dans lequel on ne l’avait pas encore vu, et même là, il s’en sort à merveille. La jeune Kat Dennings s’en sort pas mal dans son rôle de pute droguée qui va être littéralement sauvée par Defendor, sauvée de l’enfer de la drogue, de la prostitution mais d’elle-même, vu qu’elle va reprendre goût à la vie. Les autres acteurs ont beau avoir de petits rôles, ils n’en restent pas moins convaincants : son ami, sa psychiatre, le commissaire de police… Tous sont bien dans leur personnage.
Le film, facilement rangé dans la case « Drame » reste grave tout en mêlant humour et émotion. Effectivement, le personnage de Defendor n’est pas sans nous faire rire : ses armes sont peu communes (des guêpes, un lance-pierre, son kit d’espion acheté sur internet, des billes…), et malgré son immense courage, ses trébuchements donnent dans le pathétique. Arthur est un personnage très touchant qui arrive à nous faire passer un bon nombre d’émotions : de la tristesse, de la sympathie, de l’amitié… Car après tout, c’est juste un gamin dans un corps d’adulte, ses faits, gestes et dires en sont révélateurs. Une sorte de Forrest Gump pour la mentalité. Il est gentil, naïf et tellement déterminé à faire justice lui-même, qu’il ne peut que nous faire ressentir des sentiments positifs à son égard. Son imagination est débordante, d’ailleurs, il est fan de comics, et il a eu une mauvaise interprétation de ce que lui a raconté son grand-père au départ de sa mère : le Captain Industry n’existe pas, et il aura beau le tuer, celui-ci reviendra toujours sous les traits d’une autre personne peu recommandable.
Cependant, comme dit plus haut, Defendor n’en reste pas moins un drame, car on traite quand même de sujets peu légers (drogue, prostitution et violence) et l’issue sera forcément tragique pour notre héros. Le climat reste très sombre, à l’instar de Batman, Defendor ne sort que la nuit, il se fie à la lune, car c’est grâce à elle qui sait que sa maman est encore avec lui : c’est la seule chose commune qui leur restait quand ils étaient loin l’un de l’autre.
Et pourtant, il a fallu que je m’accroche avant de voir Defendor, car la présence seule de Woody Harrelson ne fait pas tout. Aucune sortie dans les salles obscures françaises, juste un passage direct en dvd. La faute à un budget réduit ? Peut-être. Mais surtout, Defendor a vite été télescopé par son petit frère : Kick-Ass, sortis tous les deux à peu près en même temps. La ressemblance pourrait être faite exprès, tellement l’histoire de base se ressemble (un homme ordinaire, voire un peu loser veut devenir un super-héros) mais dans le traitement de l’histoire, ça diffère complétement. La différence est trop grande pour parler de similitude. Là où Kick-Ass a un public geek, jeune, Defendor se veut plus adulte car tellement plus subtil, plus psychologique et résolument dramatique (même si Kick-Ass a également son lot de tristesse et d’émotions). Puis, parlons quand même du côté nanardesque qui nous plante le premier jugement que l’on peut se faire du film sans l’avoir vu : le titre, l’affiche et même le synopsis. Encore un mec qui se prend pour le nouveau super-héros ? Bof. Encore une histoire basée sur la propension énorme du héros à être un loser ? Déjà vu. Encore un film qui joue sur sa folie, son côté décérébré ? Sans moi. Et heureusement que l’on passe au-dessus de tout ça, car passer à côté de Defendor, c’est passer à côté d’un film qui nous montre ce qu’est la difficulté d’être un super-héros, ce qui peut nous formater, et surtout, qui nous fait voir à quel point nos interprétations d’enfants peuvent rester tellement ancrées en nous qu’il est difficile de s’en dépatouiller à l’âge adulte. Defendor reste simple : pas de super-scènes avec des effets spéciaux à couper le souffle, mais un développement absolument poussé du personnage principal.
Évidemment, dire que Defendor est un film excellent serait mentir. Car il souffre de faiblesses (notamment liées au budget), d’a priori peu engageants et de ressemblances plus que fortuites et involontaires. Defendor reste néanmoins juste, développé et qu’il faut voir au moins une fois. La bande son reste assez cool, notamment le thème principal, qui révèle une personne héroïque et qui nous fait penser à tous ces films où l’on doit se réveiller pour prendre en main son destin et sa vie : http://www.youtube.com/watch?v=eZx0CRqvgsA. Le générique lui, il appartient au groupe Metric qui livre un sympathique morceau de leur discographie : Help I'm alive (http://www.youtube.com/watch?v=ZoK63Bk7pgw).