Han Jae-rim s’empare du film catastrophe dans un grand élan novateur, qui ne se départira pas durant les deux heures vingt du film. En prenant le risque de tout révéler à peu près au début, il donne à son film une vraie profondeur quant à l’observation de l’être humain. Dès le début, la musique percussive de Lee Byung Woo place un degré de nervosité dans ses plans d’aéroport, saturés de chaleur, qui laissent aussi entr’apercevoir des rayons de lumière rouges ou bleus… Car Han Jae-rim l’a bien compris, la grande affaire du cinéma, c’est la lumière. Henri Alekan disait " "Eclairer", (…) au cinéma, c'est donner physiquement à voir, "illuminer" ou, mieux, "luminer" ; c'est donner à penser, à méditer, à réfléchir ; c'est aussi émouvoir." Le plan de l’avion extérieur/intérieur, dans le lever de soleil, est peut-être un plus beau. Il y alterne avec vélocité les plans d’aéroport, d’une enquête en cours, dans un mouvement général de foule, de groupe, toujours mouvant et pressé. Il est étonnant de constater tout au long du film la variété des angles de vue, notamment concernant l’avion, surprennent constamment. L’idée de lumière est brillamment utilisée dans l’avion, avec les écrans des sièges et les écrans des téléphones portables. Car certes, il y a la catastrophe aérienne en cours, mais au sol, il se passe quantité de choses qui sont également formellement très bien traitées. Alors bien sûr le happy end sur fond de « Clair de lune » de Claude Debussy donne presque » l’impression de s’introduire dans un autre film… Et puis il y a l’incroyable prestation de Song Kang-ho, flic, bien sûr pourrait-on dire, mais aussi tellement plus !