Un vieil acteur de music hall part vivre dans une maison de retraite pour comédiens. Il va avoir du mal à s'y faire jusqu'à ce qu'il rencontre une jeune femme de ménage dont il tombe fou amoureux, et se met en tête de la faire devenir une vedette de la scène.
Stupidement nommé Dernier amour au lieu du Premier amour originel, ce film est à la fois amusant et d'une grande cruauté. Que je vais avoir du mal à parler car ça concerne la dernière partie de l'histoire, mais il s'agit du portrait de toute une vague de comédiens sur le déclin, des acteurs des années 1930/40, tout un pan du passé auquel ce vieil homme joué par le formidable Ugo Tognazzi refuse de s'y inscrire. Le choix d'Ornella Mutti n'est en soi pas innocent, car elle représente la génération après Claudia Cardinale, Sophia Loren ou Gina Lollobrigida, une jeune femme qui va assumer de jouer de son corps, quitte à rendre fou cet homme. On ne sait pas si les sentiments sont sincères, mais il espère sans doute rentrer à nouveau dans le monde du spectacle après l'avoir présentée à des producteurs, dont ils ne le veulent pas, mais laissent la porte ouverte à Mutti. La cruauté se trouve aussi bien dans la nature de la relation, dont on peut dire qu'au niveau sexuel, c'est expédié (superbe plan fixe où le couple part coucher ensemble, et on se rend compte que ça n'a duré que quelques secondes !), mais aussi qu'on ramène sans arrêt que Tognazzi est un vieux, y compris dans un geste pathétique qui consiste à se teindre les cheveux en noir pour faire plus jeune.
On voit aussi le monde du spectacle changer, avec des shows plus sensuels, plus effeuillés, avec ce regard d'une grande perplexité d'un homme qui voit un nouveau monde se construire, mais tant qu'on a un pantin... Peu cité dans la carrière de Dino Risi, il y a quelque chose d'italien, donc de génial, dans cette cruelle histoire, où il faut dire que Tognazzi se caricature lui-même en en faisant des caisses, mais par moments l'émotion est là pour nous rappeler qu'il n'y a pas d'envie de moquerie ou de méchanceté, seulement qu'une époque est révolue...