Il ne faut pas attendre trop de Dernière nuit à Milan, qui revisite avec une certaine habileté des motifs bien connus des amateurs de polar. Pas de frénésie à la Coréenne, ici, mais quelque chose qui ressemble un peu à ce que Jean-Pierre Melville aurait pu tourner s'il avait eu 50 ans aujourd'hui. L'élément central du film, c'est son personnage de flic honnête, payé 1 800 euros par mois, qui risque, sur un seul faux pas, à la veille de sa retraite, de tout perdre. Pierfrancesco Favino joue cet homme fier de sa probité avec le charisme qu'on lui connait mais sans doute a t-il eu des consignes de son réalisateur pour l'incarner de manière quasi marmoréenne, d'où un certain déficit d'émotion pour un film où ses décisions semblent parfois déroutantes et à l'encontre de son caractère profond. D'autres invraisemblables du scénario sont compensées par la qualité de la mise en images dans un Milan nocturne et quelques scènes brillantes de poursuites ou de fusillades. L'histoire n'a rien d'exceptionnelle, sans doute, avec sa mafia chinoise qui frise la caricature, et sa structure reste relativement classique, intégrant un flashback explicatif ,mais on retient volontiers l'atmosphère générale et un dénouement finaud. Pas de quoi crier au génie ni haro sur le baudet. Finalement, ce côté presque neutre du sentiment éprouvé est une petite déception eu égard à la tension censée être ressentie par le héros de Dernière nuit à Milan.