Fruit d'un rattrapage tardif, je n'avais pu vous parler de "Dernière Nuit à Milan" lors de sa sortie en salles. En ce 6 décembre, le film est disponible un peu partout et c'est l'occasion de le découvrir massivement !
Franco est un flic intègre à quelques heures de la retraite. Pour un peu d'argent facile, il décide de rendre un service et c'est là que tout dérape...
Pitch facile vous allez me dire, déjà vu, que ce héros qui aurait dû rester couché au lieu d'accepter un dernier coup. Sauf que Andrea Di Stefano va subvertir son canevas en optant pour une narration inédite, à la fois rétroactive et en temps réel qui offre une tension incroyable à ce polar transalpin.
Porté par l'habité Pierfrancisco Favino en Mr Tout-le-Monde parfaitement caractérisé, "Dernière Nuit à Milan" est d'une exquise roublardise.
Le film pose ainsi très sagement ses pions dans la première partie pour mieux nous prendre à revers dans la seconde. La scène d'ouverture, clé, est à ce titre encore plus savoureuse à la relecture et le huis-clos à ciel ouvert proposé plus tard est un sommet de suspense.
Suspense double puisque au-delà de la narration, le réalisateur joue d'une grammaire toute Hitchcockienne où les enjeux vont de celui qui sait à celui qui ne sait pas, de celui qui a vu à celui qui ne voit pas,...
Ces allées et venues omniscientes pour le spectateur sont aussi impactantes émotionnellement qu'elles sont jubilatoires par leur connivence. Di Stefano s'amuse avec nous, varie les axes et les points de vue pour couper notre souffle.
Comme... comme Hitchcock en fait et rien que pour cet immense respect de nous considérer, de nous offrir un film stimulant et impliquant en 2023, brava Andrea !
En bref, un polar carré et tendu qui profite pleinement de la nuit Milanaise pour conter la chute morale d'un brave type du crépuscule à l'aube déchirante.