Au départ, on a comme l'impression que le film s'éparpille un peu entre les divers personnages et situations, mais je crois que le livre Last Exit to Brooklyn de Selby, dont le film est l'adaptation, est un recueil de nouvelles, ceci expliquant cela (j'invite toute personne l'ayant lu à me corriger si je suis dans l'erreur, merci bien). Puis finalement les liens entre les divers "épisodes" se font et l'on se laisse entraîner presque malgré soi dans ce sombre univers.

Les années 50, un quartier ouvrier malfamé de Brooklyn. Un groupe de jeunes se plaisant à dépouiller les soldats en partance pour la Corée, un leader syndicaliste vivant au-dessus de ses moyens grâce aux notes de frais, une prostituée qui fait tomber ses clients dans des pièges pour les délivrer de leurs portefeuilles, un travesti junkie amoureux transi du bad boy du quartier, une jeune-fille enceinte très jeune...
Tout cela n'est déjà pas très joyeux, et rassurez-vous... Cela ira de pire en pire.

Le leader syndicaliste, Harry Black, lui qui préfère regarder la télévision plutôt que de remplir son devoir conjugal découvre son homosexualité dans les bras d'un jeune travesti. Qui ne voudra plus de lui une fois les magouilles d'Harry découvertes et ce dernier mis à la porte... Harry en est plus que perturbé. Harry tente d'agresser un jeune garçon...

Tralala, la prostituée qui dépouille ses clients et qui rencontre un jeune officier qui la convie à Manhattan. Elle accepte. Ils passeront deux jours ensemble, les deux derniers avant qu'il ne parte à la guerre pour peut-être ne pas en revenir. Il est doux, gentil, presque amoureux. Elle fait comme si cela ne comptait pas, comme si elle s'était juste contenter de profiter de l'argent de ce mec pendant deux jours... Puis il part. Elle retourne à Brooklyn. Elle sait qu'elle ne retrouvera surement jamais quelqu'un qui la traite aussi bien, qui la traite comme un être humain. Elle se saoule, la situation dégénère... La scène la plus insupportable du film.

Mais ce film est éprouvant de par son absence d'espoir, de lumière, tout semble perdu d'avance et l'on ne voit pas comment ces personnages auraient pu finir mieux ou autrement. La scène finale ou Tralala réconforte un jeune-homme en pleurs est d'une tristesse infinie.
Même ce bébé qui vient au monde, symbole d'innocence et de pureté, et bien on ne donne pas cher de lui vu l'environnement dans lequel il grandira.

Bien joué (Jennifer Jason Leigh est bluffante), bien mis en scène (réalisation qui retransmet parfaitement la violence de certaines situations) et donnant envie de découvrir le livre d'Hubert Selby Jr (avec tout de même quelques appréhensions), Dernière sortie pour Brooklyn n'est quand même pas un film que je regarderai avec ma maman lors des vacances de Noël.
Pravda
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le 3 avr. 2014

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