Ce n'est pas que je me suis fait chier devant ce film, mais... en fait, si, je me suis fait chier devant ce film.


Sur deux interminables heures et dix-sept minutes, Desert of Namibia suit l'existence d'une jeune Japonaise, alternant entre son quotidien professionnel, lors duquel elle exerce la profession d'esthéticienne, et son quotidien personnel, lors duquel elle enchaîne des relations sentimentales, sans y entrer réellement, sans y trouver la moindre excitation...


Là, je viens de vous résumer l'intégralité des trois premiers quarts du film. C'est juste cela. Et vous allez me dire pourquoi pas, car, après tout, des films qui basent leur histoire sur une succession de tranches de vie, même si ultra-répétitive, ça peut fonctionner. Il n'y a nullement besoin d'aventures extraordinaires, de rebondissements, pour être sûr de captiver. Le tout, c'est que l'on s'attache aux personnages, avec leurs qualités et leurs défauts, que l'on saisisse les sentiments qui les animent.


Ouais, mais non... l'ensemble est à ce point opaque que l'on ne sait jamais ce qu'il y a à l'intérieur de tous les personnages, sans exception, y compris le principal. Ce sont uniquement des silhouettes qui s'agitent. Le spectateur est tellement laissé à l'extérieur que ça le pousse à rester en dehors à tout ce qui défile sur l'écran. Le temps dégage l'impression d'une éternité. Il faut le voir pour le croire. Une bonne demi-heure (voire quarante-cinq minutes !) aurait pu être supprimée, sans que rien soit modifié du point de vue du récit, vu qu'il ne raconte rien, qu'il ne creuse rien. Ah oui, pour l'émotion, à part l'ennui, on n'en ressent aucune... L'actrice principale, Yūmi Kawai, a beau offrir le meilleur d'elle-même, en termes d'interprétation et de cinégénie, elle ne peut rien contre la médiocrité de l'écriture.


Ce n'est que dans le tout dernier quart que le film donne l'impression de commencer, timidement, à démarrer vraiment, en abordant ce qui aurait dû être le cœur du sujet, à savoir la bipolarité (du moins, je suppose que c'est cela, car ce n'est pas précisé d'une manière explicite et définitive !), en tentant de pénétrer l'esprit du protagoniste, à travers deux séquences fantasmées, à l'image de ce générique de fin intrigant, justifiant le titre surprenant de ce long-métrage, et, aussi, en montrant ce même protagoniste en train de consulter. Reste que c'est beaucoup trop tard, non seulement pour que le thème de la bipolarité soit approfondi un minimum, mais aussi pour qu'on en ait quelque chose à foutre.

Plume231
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2024 et Festival de Cannes 2024

Créée

le 26 nov. 2024

Critique lue 54 fois

10 j'aime

Plume231

Écrit par

Critique lue 54 fois

10

D'autres avis sur Desert of Namibia

Desert of Namibia
Electron
6

Désert affectif

Étrange film, présenté à la Quinzaine des cinéastes du festival de Cannes 2024, dont la durée (2h17) ne se justifie jamais et qui se clôt par une scène qui illustre son titre de manière énigmatique...

le 11 nov. 2024

3 j'aime

Desert of Namibia
Cinephile-doux
4

Fièvre erratique

Les meilleurs moments de Desert of Namibia ? Sans aucun doute, les images de son générique de fin, apaisées et silencieuses, lesquelles, de surcroît, justifient le titre abscons du long métrage de...

le 24 nov. 2024

1 j'aime

Desert of Namibia
Tiflorg
4

Terrain aride

Un film qui m'intriguait, mais qui se révèle assez froid, et assez incompréhensible, difficile d'interpréter ce qu'on essaie de nous montrer. Alors évidemment, cela nous enjoint à suivre et analyser...

le 3 déc. 2024

Du même critique

Babylon
Plume231
8

Chantons sous la pisse !

L'histoire du septième art est ponctuée de faits étranges, à l'instar de la production de ce film. Comment un studio, des producteurs ont pu se dire qu'aujourd'hui une telle œuvre ambitieuse avait la...

le 18 janv. 2023

313 j'aime

22

Le Comte de Monte-Cristo
Plume231
3

Le Comte n'est pas bon !

Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...

le 1 juil. 2024

226 j'aime

55

Oppenheimer
Plume231
3

Un melon de la taille d'un champignon !

Christopher Nolan est un putain d'excellent technicien (sachant admirablement s'entourer à ce niveau-là !). Il arrive à faire des images à tomber à la renverse, aussi bien par leur réalisme que par...

le 20 juil. 2023

219 j'aime

29