A force with no name.
Le désert, des migrants mexicains, un texan psychopathe bien décidé à régler le problème de la porosité des frontières à sa manière : le scénario de Desierto tient sur l’épine d’un cactus...
le 6 nov. 2016
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Le postulat de base était on ne peut plus intéressant ; remake pédestre de Duel, film d'horreur politique dépourvu de monstre (en tout cas le monstre reste humain), huis clos à ciel ouvert avec pour seul décor le désert éponyme.
Si on oublie sa mise en place ridicule et simpliste au possible ("Oh non, une panne en plein désert... que c'est dommage !")("Niark niark je suis le méchant et parce que je suis le méchant je vais tuer tous les gentils"), le début peut vraiment faire film d'horreur où les adolescents excités seraient remplacés par des migrants mexicains et le psychopathe sadique... par un psychopathe sadique. Raciste de surcroît.
Or le postulat se contredit vite et ne se respecte plus lui-même :
1) Car les rôles s'inversent ; les personnages migrants, qui n'ont aucune profondeur et aucune finesse d'écriture, cèdent vite sous le charisme de Jeffrey Dean Morgan, son regard bleu pétillant, sa tronche sévère, son amour pour son chien, son seul ami, personnage à lui tout seul, et on l'accompagne dans sa douleur lorsqu'il le perd. Ainsi les morts par dizaines n'ont aucun impact (si ce n'est le massacre en ouverture, long et quand même un peu éprouvant) tant ceux qui sont tués n'ont aucune personnalité, aucune sympathie (il faut bien dire qu'ils agacent même : celui qui n'écoute rien, les retardataires, le gros lard qui se plaint de ne pouvoir courir...). Et le massacre aurait été jubilatoire (on aurait donc pris le parti du méchant) si le film n'avait pas été aussi chiant.
2) Parce que le message politique (à peine) dissimulé sous cette intrigue horrifique est grossier, balourd, ramené comme un cheveu sur la soupe au début du film (le méchant qui hurle :"This is my home !!!!"...), alors même que la force de ce message aurait résidé dans le fait de ne le dire jamais explicitement et de toujours le laisser tu, sous-entendu...
Au delà de ces défauts, Desierto n'est même pas divertissant. Car en 25 minutes tout est déjà dit et commencent les interminables longueurs, à l'image de la scène finale, summum de ridicule où les deux héros tournent, durant 5 bonnes minutes, autour d'un même bloc de pierre. On ne peut empêcher les fous rires de pouffer face à autant d'amateurisme (on sent que papa Cuaron a poussé fils Cuaron à réaliser, avec pour seul argument son fric et sa notoriété, et non, malheureusement pour nous, le talent de son bambin...), autant de vide scénaristique, autant de lenteur, de mauvais traitement du rythme et du temps, autant d'incohérences et de faux raccords (le soleil qui change de côté d'un plan à l'autre - on en déduit les différentes heures de tournage d'une même scène -).
C'est creux, d'un vide abyssal, à l'image du rôle d'un Gael García Bernal convaincu certes. Mais cela ne suffit par pas à être convaincant.
Jamais fascisme n'aura été aussi ridiculement et mal dénoncé.
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Créée
le 16 mai 2016
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