Le valet de chambre Désiré prend son nouveau service auprès d'une ex-actrice, maîtresse d'un ministre dont elle attend de se faire épouser. Sacha Guitry incarne lui-même ce domestique distingué et expérimenté pour lequel la relation entre patrons et personnel de maison n'a plus de secret, lui inspirant d'ailleurs de nombreuses théories.
Précisément, la drôlerie de la comédie provient dans un premier temps du jugement -bienveillant- que porte la domesticité (l'affable Désiré, donc, mais aussi la femme de chambre Arletty et la cuisinière Pauline Carton) sur leurs maîtres. Ainsi, tournant le dos au vaudeville bourgeois de la même époque, où le valet est généralement tenu pour insignifiant, voire ouvertement stupide, Guitry invoque le bon sens, la perspicacité, la psychologie et d'une certaine façon la position favorable du domestique.
Plus tard, quand toute la maison se met à rêver tout haut, que Désiré fantasme sur Madame et que celle-ci -plus scandaleux encore!- murmure le nom de Désiré dans son sommeil, on est bien plus proche de Bunuel que de Feydeau! Gentiment subversive, rhétorique et dialectique plutôt que mouvementée, la comédie manque un peu de contenu mais témoigne de la fantaisie piquante d'un auteur habile dans l'art du contrepied et du paradoxe.