Le monde universitaire et scolaire en général, est impitoyable. Berceau de la construction des filles en futures femmes et des garçons en futurs hommes, c'est le lieu clé de l'apprentissage. Lorsque Henry, un professeur remplaçant s'engage pour un petit contrat dans un établissement difficile de New York, il arrive avec le détachement nécessaire pour faire face. Le système est en détresse, les élèves sont incompris et les professeurs condamnés à la souffrance éternelle, au désengagement progressif d’une voie qu’ils ont pourtant choisi par passion.
Henry ne peut réellement faire face, même avec le détachement dont il fait preuve, car il a lui-même ses propres démons. Son conflit intérieur croise la route d’une jeune prostituée qu’il prend sous son aile. Cet amour, détaché mais protecteur qu’il lui confère, n’est que la réponse à son recul délibéré des autres. Pour autant, il ne manque pas de compassion envers ses élèves ou ses collègues, mais il a bien compris que cela pouvait nuire à sa propre personne. Henry est donc un personnage tragique, un héros moderne qui navigue contre vents et marées dans un radeau déjà branlant. Il ne peut s’en sortir qu’en acceptant ses propres problèmes.
Le long métrage trouvera ses faiblesses pour certains dans une certaine récurrence à écumer les poncifs du film d’auteur américain. Mais Tony Kaye, le réalisateur, fait preuve de beaucoup d’engagement envers ses personnages et nous pousse à véritablement les considérer, les apprécier, se montrant empathique à leur égard. Un formidable tableau sur le système scolaire, qui en dit sur tous les rapports humains.