Il s'agit d'une commande, d'un film de producteur qui a du se dire : polar + stars + Godard va rimer avec dollars. De ce fait, Godard qui a accepter pour renflouer la production de son "Je vous salue Marie" (chef-d'œuvre) semble avoir accompli le minimum syndical (tout est filmé en plan fixe) énervé par les choix qu'on lui avait imposés au niveau des acteurs (à part, notamment, Johnny Hallyday, qu'il a choisi) et surtout de l'équipe technique avec laquelle le tournage s'est très mal passé (Godard voulait notamment Raoul Coutard comme chef opérateur). Bref, le minimum syndical chez Godard cela fait tout de même un grand film avec quelques fulgurances, mais pas un chef-d'œuvre.
Témoignage de notre Johnny national :
« Le téléphone sonne : "C'est Jean-Luc Godard. Je voudrais déjeuner avec vous." Il m'indique un restaurant de poissons, commande une sole, sans m'adresser la parole. Je commande la même chose. Il mange, en regardant son assiette, puis lâche : "C'est bon, hein ? - Oui, c'est bon." Alors il se lève, et me dit "On commence dans quinze jours", et il me plante là.
Ça s'est très bien passé ! Il m'avait à la bonne, je ne sais pas pourquoi. C'était très gênant, il me montrait toujours en exemple : "Faites comme Johnny, il fait ce qu'il faut, lui !" Un personnage étrange, mais passionnant. Je n'étais pas un grand fan de ses films, ce n'était pas mon cinéma, la nouvelle vague. Mais j'ai beaucoup appris avec lui. Il n'y avait pas de texte. Il arrivait le matin, griffonnait les dialogues en dix minutes ; il fallait les apprendre dans la foulée. C'était terrifiant, mais c'est ainsi que j'ai dû et pu entrer complètement dans un rôle. Godard est le premier qui m'a filmé comme un acteur et non pas comme Johnny. »
Johnny Halliday, interview dans Télérama du 29 octobre 2014.