Antoine dirige une agence marketing. Il doit trouver le slogan qui colle à ce putain de yaourt qui le rend dingue depuis des mois. D'habitude raffiné, il n'est plus le même ces derniers temps. La pression sur ses épaules et l'ennui de cette petite vie parfaite pèsent sur son caractère. Il veut vendre ses parts et foutre le camp loin de ce système pourri jusqu'à la moelle, virer ses amis toujours classes et irréprochables, se tirer de sa foutue baraque et laisser cette maniaque de l'ordre qui lui sert de femme. Doucement mais sûrement, Antoine verse dans le mépris et le dégoût. Il ne supporte plus rien, seulement ses enfants à qui il dit au revoir pour la dernière fois, avant de s'en aller.

Pour le coup, Albert Dupontel enfile le costard. Dans ce rôle presque politiquement correct, il se présente tout d'abord respectueux des codes et des convenus. Pourtant, au delà de sa crise de la 40aine, émerge une difficulté bien plus profonde.
Une question qui nous effleure tous un jour. Celle du sens de la vie.
Pourquoi ? Pourquoi s'enfermer, être l'esclave d'une société qui emprisonne sous prétexte du besoin de confort tout en nous détournant de l'essentiel ?

Jean Becker nous livre un film poignant, fondé sur un ton grave qui finit de nous convaincre que notre bien aimé Albert est aussi bon en extravagant dégénéré qu'en prodigieux élu de la dramaturgie. Son interprétation est sérieuse autant que pertinente, et s'avère surtout l'oeuvre d'un somptueux exercice d'esprit.

- Deux jours à tuer - est un métrage à l'esthétique perfectionnée, mettant en perspective l'opposition existentielle de cet homme digne, propulsé au bord du gouffre...Une film authentique aux couleurs d'automne qui nous ballade tranquillement avant de venir chahuter nos émotions et finir par nous bouleverser.

Une signature invraissemblable de cet acteur résolument efficace.

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le 10 févr. 2013

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FPBdL

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