Deux jours à tuer par pierrick_D_

Antoine,patron d'une agence de pub,est un quadragénaire qui a réussi sur tous les plans.Une femme charmante et aimante,deux enfants sympas,un boulot rémunérateur qui lui plait,une belle maison,un cercle d'amis dévoués,tout va bien pour lui.Sauf qu'un jour il pète les plombs et se barre en abandonnant tout,non sans avoir au préalable copieusement insulté et humilié tous ses proches,y compris ses enfants.On croit au départ avoir affaire à une énième évocation du blues de l'homme moderne,ce malaise existentiel lié au burn out qui voit des types fuir le vide,l'inanité et l'aliénation de leur vie pour recommencer à zéro ailleurs et profiter de l'existence.Mais on s'apercevra que le personnage a en réalité une raison beaucoup plus pragmatique d'agir ainsi,qu'on devine rapidement tant c'est mal gaulé,même si son comportement n'en parait pas moins absurde,tandis qu'on se demande comment son épouse peut ignorer la situation.Si le scénario est donc bien flingué à la base,il n'est en rien amélioré par une réalisation terne,sans ressort et sans relief,qui se complait à étirer de longues scènes ennuyeuses où il ne se passe pas grand-chose,et des dialogues ampoulés qui servent de substrat à un psychodrame ridicule.L'émotion est absente,ce qui dans un tel contexte relève de l'exploit,et l'humour que pourraient présenter les séances de quatre vérités assénées à tout un chacun par le "héros" n'a aucune saveur et n'est jamais drôle,à part le moment où la copine snob offre à Antoine une oeuvre d'art abstrait hors de prix et que l'heureux récipiendaire fait mine de croire qu'il s'agit d'un dessin du gamin de la dame.Tous les protagonistes sont antipathiques,à commencer par le principal qui n'est qu'un sale con stupide,ce qu'il semblait déjà être avant même sa décision de partir.D'ailleurs,la façon dont il démolit verbalement tous ses interlocuteurs laisse à croire qu'il pense réellement ce qu'il dit.Pris au piège de ce film mal écrit,les comédiens sont obligés de forcer leur jeu,ce qui nuit à leurs performances.Même un très bon acteur comme Albert Dupontel est pris dans la nasse et se débat stérilement.La distribution est pourtant riche en seconds rôles de talent mais personne ne parvient à s'extirper du gouffre,qu'il s'agisse de Marie-Josée Croze,Pierre Vaneck,dont ce sera le dernier film avant son décès en 2010,Alessandra Martines,Cristiana Reali,Claire Nebout,Marie-Christine Adam,François Marthouret,Mathias Mlekuz,Samuel Labarthe,Guillaume de Tonquédec,Jean Dell,Stefan Wojtowicz ou une Daphné Bürki apparemment pas plus douée pour la comédie que pour l'animation télé.C'est réalisé par Jean Becker,dont la grande époque est décidément loin derrière lui,et produit par son fils Louis,mais le responsable de ce désastre est surtout François d'Epenoux,écrivain auteur du roman adapté ici.Ce lénifiant plumitif est également à l'origine d'une autre catastrophe pelliculaire,"Les papas du dimanche",un de ses bouquins porté à l'écran en 2012 par ....Louis Becker,D'Epenoux étant visiblement très pote avec le clan Becker.