Présent en compétition officiel au festival de Cannes 2014 (en y gagnant le prix du jury œcuménique, décerné par des chrétiens engagés dans le monde du cinéma), *Deux jours, une nuit * propose un point de départ social assez intéressant, où il est question du refus d'une prime pour ne pas perdre un collègue.
A l’image du 12 Hommes en colère où Lumet filmait Henry Fonda essayer de retourner l’avis des autres jurées, les frères Dardenne nous font suivre l’acharnement d'une jeune femme pour ne pas perdre son boulot et convaincre ses collèges de refuser les primes. Caméra à l’épaule, ils commencent par le désarroi de cette femme, qui sort de dépressions et apprend qu’elle est renvoyée, avant de mettre en scène sa quête, pas toujours avec grande subtilité, mais en gardant l'intérêt constant tout du long.
La force du film se trouve dans la façon dont les frères Dardenne captent la situation économique et le climat difficile dans lequel vivent tous ces gens. Ils sont toujours dans le vrai et rendent les enjeux forts et intéressants. Les Dardenne prennent à la fois le point de vue de Sandra, encore fragile et qui doit faire face à certaines (dés)illusions, et celui des employés qui n'ont pas toujours le luxe de cracher sur une prime.
Pourtant, tout n'est pas parfait, la quête de l'ultra-réalisme offre quelques failles, à commencer par des problèmes de rythme, quelques exagérations ou caricatures qui n'ont pas leur place mais surtout un manque d'émotion fort. Sans être préjudiciable, c'est dommage car ils parviennent à proposer quelques pistes de réflexions intéressantes, ainsi que quelques confrontations sociales et humains qui valent le détour.
Tout n'est pas parfait dans Deux jours, une nuit mais les frères Dardenne parviennent à proposer un film réaliste et fort par ses enjeux, n'oubliant pas d'ouvrir quelques pistes de réflexions et bénéficiant de bons comédiens.