On comprend un peu mieux un jury cannois circonspect par rapport à ce film, et le fait qu’il reparte bredouille du festival… Car “ Deux jours, une nuit ” est certes, sur la forme un excellent film. Cette étude comportementale, met en relief un ensemble d’attitudes humaines face à un choix difficile, ou comment sacrifier l’individualité au profit d’une démarche altruiste. De ce point de vue, il n’y a rien à reprocher au scénario, puisque toutes les réactions sont établies avec un certain réalisme, sans pathos ni euphorie démesurée. Les acteurs (comme toujours chez les Dardenne) sont excellents à commencer par une Marion Cotillard qui donne, toute en belles nuances, vie à Sandra et en fait l’une des héroïnes de cinéma dont on se souviendra. Sur le fond, par contre l’on s’interroge car l’on sait que la réalité est beaucoup plus terrible encore, et cette chance donnée à Sandra, relève presque de l’exception, voire de l’utopie. C’est sans doute cela qui a freiné un peu les frères Dardenne dans leur mise en scène qui, au regard de leur précédents films, relève d’un conventionnel et manque du souffle qui aurait fait de “ Deux jours, une nuit ” un grand film social, moins anecdotique.