Je n'ai absolument rien contre le cinéma des frères Dardenne mais j'ai toujours eu du mal à me plonger dedans. Peut-être à cause d'un naturalisme qui me laisse le plus souvent de marbre, il faudrait que j'approfondisse la question. Toujours est-il que leur nouvel essai, Deux jours, une nuit, m'interpellait quand même un minimum, grâce à un sujet d'actualité fort prometteur.
Blindé de récompenses à travers le monde, Deux jours, une nuit, reste bien ancré dans un cinéma du réel qu'affectionnent les frangins, tentant vaille que vaille de retranscrire le quotidien de leurs personnages avec le plus d'authenticité possible. Un parti-pris à double tranchant, tant cet exercice périlleux ne souffre d'aucune sortie de route aussi infime soit-elle, la moindre petite fausse note pouvant faire s'écrouler l'édifice entier.
Et c'est peut-être finalement ça qui me gêne à chaque fois que je me pose devant un film des Dardenne, ce sentiment désagréable d'être face à une représentation certes rigoureuse mais fatalement factice (essence même du cinéma) de la réalité. Les frangins auront beau faire, auront beau s'appliquer, je n'arrive tout simplement pas à y voir autre chose qu'une réalité déformée. Question de sensibilité, il faut croire.
Dommage, car le sujet est réellement passionnant, combat acharné d'une jeune femme face à une injustice malheureusement d'actualité, sorte de Don Quichotte des temps modernes luttant à la fois contre sa hiérarchie mais aussi et surtout contre ses propres démons. De tous les plans, Marion Cotillard fait le boulot, même si je ne peux m'empêcher de penser qu'une autre comédienne aurait été tout aussi bien.
Bien que répétitif, Deux jours, une nuit ne me réconciliera peut-être pas avec les frères Dardenne (à qui je ne reproche rien en soit), mais a le mérite de traiter son sujet avec toute la complexité qui est la sienne, ne cherchant jamais à donner raison ou tort à qui que ce soit.