Aux habituels maux d'un premier métrage (au demeurant très encourageant d'une réalisatrice dont il faudra suivre le travail) on retrouve le souci de la note d'intention conceptuelle qui, au lieu de venir accompagner discrètement la mise en scène, vient l’écraser sous son propos. C'est à mon sens le cas ici sur son sujet prédominant : l'exploitation du corps féminin comme seul vecteur d'émancipation économique dans un milieu où toutes les autres possibilités d'ascensions sont bouchées.
Formellement très réussi (joli boulot du DP dont je découvre également le travail), le film n'arrive presque jamais à me sortir de son programme théorique malgré un final qui tente la carte de l'amertume ... dommage c'est dans cet interstice qu'il commençait à m'intéresser.
L'utilisation de cartons à la fin de certaines scènes qu'une musique à visée emphatique vient appuyer (ce gimmick que l'on entend depuis quelques années avec ces assemblages syncopés de violons et contrebasses servant de surligneurs émotionnels commence à me sortir par les oreilles), ou ces plans sursignifiants de ce ciel rempli d'oiseaux surplombant le monde, métaphore de liberté, viennent achever les tentatives d'acheminer le message de manière plus subtile.
Il n'en reste pas moins un film plaisant à suivre mais dont le programme politique est trop sur des rails pour susciter mon engagement (un peu à la manière d'un Ken Loach qui, bien que l'embrassant idéologiquement, ne m'emporte jamais esthétiquement).
Un de ces films qui prend directement la route de la tête en oubliant de passer par le chemin du coeur.