6 ans avant de réaliser "Onoda", 8 avant de scénariser "Anatomie d'une chute", Arthur Harari sortait son premier long-métrage. "Diamant noir", l'histoire d'un petit malfrat qui débarque à Anvers pour se venger d'une famille de diamantaire dont il était totalement coupé. Il les infiltrera, pour gagner leur froide confiance, afin de les dévaliser.
Le scénario est agréablement recherché. Entre d'une part le mélange de film noir, et de vengeance familiale aux allures shakespeariennes. D'autre part, la plongée documentée dans un univers rarement représenté au cinéma : les diamantaires de Flandre. On y ressent la douleur du protagoniste, devant la froideur de ses acolytes.
Qu'il s'agisse de sa famille retrouvée très âpre. Ou de ses complices potentiellement dangereux. Dont l'un incarné par Abdel Hafed Benotman, ancien braqueur, taulard et écrivain, qui sied à merveille en criminel aux allures de vieux pote gâteux.
Par ailleurs, comme dans les films pré-cités, Arthur Harari joue à l'occasion avec les langues, convoquant ici surtout le français, mais aussi l'italien, le néerlandais, ou l'allemand (car oui, ces diamantaires parlent allemand !). Entre ces dernières que notre protagoniste ne comprend pas, et le silence pesant du patriarche, l'atmosphère sera bien tendue !
Avec ces qualités, le film aurait pu être un petit bijou, malheureusement il est quelques peu rayé par certains défauts. Comme par exemple le personnage de Raphaële Godin, dont le scénario ne semble pas savoir quoi faire. Et également des fautes de goût dans la mise en scène.
Celle-ci semble comme surexposée, amplifiant régulièrement la lumière. Alors cela va peut-être de pair avec le message du film et son allégorie (un diamant fait entrer la lumière, pour y révéler toutes ces facettes). Mais plusieurs séquences ne sont pas particulièrement jolies.
Il y a aussi plusieurs zooms ou gros plans qui ne sont pas forcément de bon effet. Heureusement que le final, assez tendu, rattrape le coup ! Ainsi que la prestation de Niels Schneider. Que certains trouveront antipathique, mais qui donne du corps à ce protagoniste marqué.