Une mauvaise journée pour John McClane.
Die Hard, saga américaine quasi-culte, est de retour... ou pas. Bruce Willis reprend la veste de John McClane, comme pour prouver qu'il n'est pas si vieux que ça, et cette fois-ci, il quitte les États-Unis pour la Russie afin de sauver son fils, John "Jack" McClane Jr, incarné par Jai Courtney. Scénario simple ? Oui, très simple même, car Die Hard : Belle journée pour mourir n'est avant tout qu'une excuse au retour de Bruce Willis à l'écran, qui pourtant ne le quitte pas en ce moment. Souvent, on résume un film d'action à une suite d'explosion, de voitures écrasées et de coups de feu. Ici, le film se résume bel et bien à ça, et de tous les Die Hard, le cinquième est celui qui apporte le moins, un film de producteur pour renflouer les caisses en période de crise.
2013 marque le grand retour des Expendables, ces gros bras des vieux films d'actions. Alors que Le Dernier Rempart nous montrait la vision pathétique d'un Arnold Schwarzenegger plus vieux que jamais, et tandis que Du Plomb dans la tête et son Sylvester Stallone ne promet rien de bien intéressant si ce n'est une interdiction au moins de 12 ans, Die Hard semblait être le seul film sortant de la triade. Après visionnage, Die Hard est simplement le moins mauvais des trois. Alors que le premier Die Hard, mieux connu sous le nom de Piège de cristal en France, et Die Hard 3 - Une journée en enfer (tout deux réalisés par John McTiernan) parvenaient à sortir du cliché d'action tout en nous offrant des scènes mémorables du genre, le 5 est définitivement un produit commercial voguant sur une marque connue. Die Hard 4 annonçait une nouvelle trilogie, plus tournée vers les explosions en tout genre, mais gardait une intrigue entre deux coups de feu.
La première trilogie Die Hard mettait en image un agrandissement géographique, commençant par un immeuble, ensuite un aéroport et pour finir la ville entière de New York. La deuxième trilogie, elle, oublie cet agrandissment (l'arrivée en Russie ne sert finalement que de prétexte pour une scène comique entre John McClane et un chauffeur de taxi) et met l'accent sur la famille du héros : la fille, le fils, et on imagine bien l'ex-femme de John McClane dans un sixième opus déjà annoncé. Tandis que le père Bruce Willis ne cesse de parsemer le film de "petites blagues sur son âge", ce qui devient agaçant à la longue (un nouvel exemple est déjà disponible dans la bande-annonce du prochain GI Joe 2 : Conspiration), le fils lui joue le rôle du méchant garçon qui n'aime pas son pôpa. Pendant un tier du film les deux se renvoient la balle, à tel point que le discours n'est plus ancré mais gravé au fer rouge dans nos esprits. La ressemblance entre les deux est assez douteuse, le fils étant un bodybuildé de la trempe de Sam Worthington (beaucoup plus que ne l'a jamais était Bruce Willis), mais ce duo est assez correcte, sans être transcendant.
Dans Die Hard 5, le scénario se résume à son synopsis, où la réalisation de John Moore (à qui l'on doit l'indigeste Max Payne) disparait derrière les explosions. La musique devenant inaudible face au tintamarre des explosions, dont les effets spéciaux, qui devraient être le point central du film d'action à défaut d'une histoire (Transformers), sont plutôt voyants. La réalisation semble même être plus basse encore que le scénario, ce que l'on peux affirmer en voyant la scène de danse ridicule où le vilain montre sa supériorité en mangeant une carotte (oui, une carotte) suivi d'un très sérieux "J'aurai pu être danseur". Éclats de rire dans la salle, sur papier le passage devait marcher, mais John Moore en a décidé autrement en la tournant en ridicule. Il aurait dût regarder la scène de "torture psychologique" entre James Bond et Silva dans Skyfall : plus sobre, plus sérieuse, pas de carotte. Là où tous les acteurs sont passables sans être extraordinaire, le gros méchant du film n'a rien de charismatique et ne retiendra aucune mémoires, là où Bruce Willis peut se reposer car... c'est Bruce Willis.
On ne retiendra de Die Hard : Belle journée pour mourir que des dialogues et des scènes inutiles servant à combler une histoire inéxistante. Malgré un léger retournement de situation que l'on peux deviner avant la fin, il manque au film une histoire, qui de plus est bourrée d'idées douteuses, comme un gaz pouvant retirer les déchets radioactifs de Tchernobyl. Le cinquième opus part de la mauvaise mode hollywoodienne consistant à faire des remakes/prequels/suites des plus grands films, mais à force d'exploiter un filon on se retrouve tout simplement à ne plus rien avoir à creuser.
Pierrick Boully