J'aime bien Milius. Parce que son image de gros faf vient juste du fait que c'est un pur républicain amateur d'armes dans un milieu de démocrates propres sur eux. Et parce qu'il a une foi inébranlable en la nation américaine, et sa mythologie.
Cette croyance dans les mythes et leur construction, dans cette image, très Mythe Américain, du self-made-man, du mec qui se construit lui-même en mode bigger than life, c'est tout Milius. C'est Conan le Barbare, les mômes de l'Aube Rouge, le mec de l'Adieu au Roi, et c'est ce duel John Dillinger / Melvin Purvis. Tout deux sont conscient d'être des héros, des légendes en construction, en jouent et se mettent en scène, chacun à leur façon, jouant leur rôle dans la grande fresque américaine. Milius nous les montrent ainsi, avec tous les passages obligés de cette confrontation (la plupart étant déjà bien connu du spectateur. C'est le propre de la légende ou du conte, que d'être répétée).
La réal est, comme souvent chez lui, surtout fonctionnel, allant à l'essentiel, avec malgré tout un sens de la composition qui fait mouche, mais sans emphase (Ce qui reste le problème de son Conan : une dimension, un souffle opératique)
Mais c'est aussi parce que le film file bon train, enchainant les péripéties, aidé par un montage très cut, et des séquences de fusillades qui font mal. Ca défouraille sec, avec bien évidemment une grande variété d'armes (c'est pas juste la foire à la Thompson à chargeur camembert, cliché du genre), et on pense pas mal à du Peckinpah sans les ralentis.
Enfin, Peckinpah, c'est aussi parce qu'on a Warren Oates (le plus grand des acteurs pas connu) et Ben Johnson, copains de biture habituels de bloody Sam, secondés par d'autres tronches abonnés au second rôles que ça fait plaisir de les voir ensemble et si bien servis (Harry Dean Stanton et Geoffrey Lewis)
Rien que pour ces acteurs, je préfère ce film au Public Enemies de Michael Mann (même si ça reste un des derniers -très-bon rôle de Depp), que je trouve par ailleurs désincarné par rapport au Milius.