Dillinger
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Dillinger

Film de John Milius (1973)

Dillinger c'est la mélancolie du film à Papa.


La mélancolie du film à papa qui sonne comme les balles qui fusent et qui sent comme le cigare qui fume et comme le whisky qui coule et comme la poudre qui tourbillonne et comme la poussière qui s'envole et comme la sueur qui scintille.


La mélancolie du film à papa où les gangsters célèbres sont plus fameux que les stars du cinéma et où les grands policiers sont plus connus que les stars de la chanson.


La mélancolie du film à papa où ces gangsters célèbres tentent d'échapper à ces grands policiers prêts à tout pour leur trouer la peau, sur un coin de route, dans une petite chambre de motel miteuse ou devant une station-service à moitié abandonnée.


La mélancolie du film à papa où ils se fusillent de répliques cinglantes qu'ils arment de leur voie grave comme une exécution dans la rosée d'un matin printanier depuis leur moustache parfaitement taillée, avec leurs jolie costumes trois pièces, avec leur chapeau soigneusement posé sur leur chevelure brillante, avec leurs chaussures parfaitement cirées dans la poussière des routes perdues au milieu d'un nul part américain.


La mélancolie du film à papa où ils se trimbalent dans les villes surpeuplées et dans les campagnes désertes leur paire grosse comme les cigares qu'ils ont sur le coin des lèvres, où les gangsters en planque se font un partie de poker arrosée de quelques bières dans la pénombre d'une ampoule faiblissante, où les policiers entourent une grange dans la lumière embrasée d'un coucher de soleil, où les gangsters braquent des banques le visage découvert avant de prendre la fuite en pétaradant debout sur les marches pieds de leurs voitures lancées à toute vitesse comme des cowboys sur leurs montures, où les policiers les prennent en fuite en agitant leurs mitraillette comme des lassos prêt à leur foncer dessus pour les clouer au sol, où une petite pause dansante arrive forcement dans la foire d'une petite ville locale et où une dernière étreinte amoureuse se fait dans l’intimité de l’ombre d’un arbre qui fend le ciel de son feuillage majestueux.


La mélancolie du film à papa où le policier reçoit l'information qui le conduira vers celui qu'il recherche avant tout, son ennemie, son Némésis, du bout des lèvres d'une jolie blonde, joliment emballée dans un charmant accent de l'est et enrubanner d'une paire d'yeux bleu comme un jour de week-end à la plage, dans une grand salle de réception luxueuse et complétement vide en suçant calmement une putain de glace à l'eau.


La mélancolie du film à papa où ces policiers et ces gangsters sont finalement tous les mêmes, guidés par les mêmes valeurs et animés par les mêmes codes de l'honneur. Des hommes qui ont simplement pris des chemins différents qui finissent forcément par se croiser pour être balayer par une grande vague de sang.


La mélancolie du film à papa incarnée par Waren Oates en personne, avec son ton mielleux et son sourire en coin.


La mélancolie du film à papa comme on ne la fait plus aujourd'hui.

Clode
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le 12 janv. 2016

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