Le cinéma scandinave a bien compris ce qui attire les regards vers ses fjords, et autres habitations isolées, où les drames sont aussi bien gardés que sur une île - une île de civilisation. Quant à Ole Bornedal, il n'y a presqu'apporté que sa conscience cinématographique. Un peu dispersé quand il doit mettre en scène le surnaturel, il dessine un rythme efficace où le traumatisme et la sorcellerie viennent harmonieusement se nouer dans l'existence de Dina. Pour elle, raison et croyance ne forment qu'un et c'est ce qu'on vivra à ses côtés.
L'harmonie ne s'adresse qu'à nous cependant. En effet, dans ces contrées norvégiennes reculées où chacun a son rôle à jouer dans la communauté, c'est avec le chaos qu'on doit composer son existence. La folie de Dina, ou bien son don, ou encore simplement son caractère selon le point de vue, est tenu pour acquis : c'est avec une énergie brute et terreuse qu'il élève les volutes mystiques d'une histoire qu'on aurait pu trouver ailleurs, mais pas forcément avec la conviction de Maria Bonnevie pour ce rôle à la fois initiatique et complet. C'est un film qui doit beaucoup à la terre qui l'a vu naître, mais qui nous y emmène bel et bien.
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