Dans un Chicago futuriste,la population est divisée en cinq communautés.Quand vient le moment d'en choisir une,la jeune Tris,élevée chez les altruistes,décide d'opter pour les audacieux.Mais elle a un problème,elle est une divergente,ce qui signifie qu'elle n'est faite pour appartenir à aucun groupe en particulier.Elle est donc susceptible de créer du désordre dans cette société si bien organisée et ça,les autorités n'aiment pas trop.A propos de "Divergente",les avis divergent.Et dix verges,ça fait beaucoup pour un film tout public.C'est adapté d'un roman de Veronica Roth,ce qui est intéressant car toutes ces séries de livres pour ados et adultes immatures sont bizarrement l'oeuvre de femmes et ont,la plupart du temps,une jeune fille pour protagoniste principal.JK Rowling,Stephenie Meyer,Suzanne Collins,Cassandra Clare,E.L. James,autant de romancières travaillant à la féminisation d'un monde qui n'avait réellement pas besoin de ça.Ceci dit,"Divergente",sans être tout à fait un plagiat,s'est visiblement largement inspiré de "Hunger Games",mais il est nettement moins réussi.Le film se divise en trois parties.Tout d'abord une mise en place qui présente les personnages et les enjeux.Suit la formation de l'héroïne au sein des audacieux,qui constitue l'essentiel de l'histoire.Puis enfin la révolte emmenée par Tris.Le début est d'une remarquable imbécilité,avec ces communautés modelées de manière incohérente et confuse.Nous avons des factions,puisque tel est le terme employé,dont la composition repose sur des critères professionnels,les audacieux,qui sont des flics,et les fraternels,qui sont des agriculteurs.Mais les érudits forment un groupe déterminé par son savoir,tandis que les altruistes,sortes de mormons mâtinés de boy-scouts, sont réunis à partir de bases culturelles.Quant aux sincères,qui semblent ne servir strictement à rien,leur singularité vient du fait qu'ils disent franchement et en toute circonstance ce qu'ils pensent.Quasiment des malades mentaux,quoi.On le voit,tout ce bazar engage le film sur des bases incertaines.D'autant que le fonctionnement de cette société est loin d'être clair.Pourquoi et comment les altruistes sont-ils au pouvoir?Comment les jeunes sont-ils éduqués avant de choisir un clan?Pourquoi leur évaluation n'intervient-elle que la veille de leur choix?Comment les différentes factions interagissent-elles à l'intérieur de la cité?Quelques questions parmi bien d'autres,qui ne trouvent pas de réponses satisfaisantes.Commence alors la seconde partie,celle du dur apprentissage par Tris de la vie de bidasse.Ce segment ressemble à s'y méprendre à tous ces films sur les formations militaires,avec instructeurs sadiques à la "Full metal jacket" ou "Officier et gentleman".Plein de figures imposées par conséquent,de la jeune recrue nullarde qui,à force de volonté,devient l'as de la promotion,à l'amitié qui nait entre certains élèves,en passant par ceux qui craquent sous la pression.C'est du classique mais ça se laisse regarder gentiment.Puis viennent les scènes de guerre finales,Tris impulsant la rébellion contre le nouvel ordre établi,qui nous valent de vastes instants de rigolade.Ainsi,les mutins,poursuivis,s'arrêtent-ils pour taper la discute pendant que les balles sifflent à leurs oreilles,dans une sidérante dilatation de l'espace-temps.Ainsi,comme chaque fois que Tris se fait choper,apparait Jeanine,ci-devant leader des érudits et méchante en chef certifiée,qui au lieu de laisser ses sbires foutre une bastos dans la tronche de la récalcitrante,qui la fait quand même chier depuis le début du film,l'emmène dans un coin pour échanger sur le sens de sa politique.Ainsi 4,instructeur et petit ami de Tris,shooté à la drogue qui rend obéissant,retrouve-t-il miraculeusement ses esprits juste parce que sa dulcinée,qu'il s'apprête à flinguer,le lui demande en le regardant dans les yeux.Ainsi les troupes des audacieux,conditionnées par une injection de la fameuse came à massacrer les altruistes,effet chimique donc,sont-elles stoppées par l'arrêt du programme, obtenu en bidouillant un ordinateur,ce qui n'a aucun sens.Mais parlons plutôt du fond de l'histoire,qui contient un genre de message politique et pose de bonnes questions même s'il n'y apporte pas d'éclairage nouveau.Ce qui n'est guère étonnant car ces interrogations sont plutôt insolubles.Par exemple,faut-il faire confiance à la nature humaine ou tenter de la contrôler?Et ce contrôle peut-il s'affranchir d'une dérive fasciste de type orwellien?L'homme est-il foncièrement bon ou mauvais?Le film se positionne évidemment sur une ligne attendue,empreinte de puérilité post-moderne.Il y a des gentils,les altruistes,qui vivent modestement,acceptent la différence et aident les pauvres,et des vilains,les érudits,qui craignent la liberté comme la peste et refusent tout changement à l'intérieur de leur meilleur des mondes.Mais les auteurs se contredisent tout seuls car au final le chaos s'installe et accrédite la thèse indiquant que,décidément,l'être humain n'est pas fiable.Et même les "bons" personnages,comme Tris et ses amis,en arrivent à se livrer à la violence la plus débridée pour faire triompher leur propre vision de la société.Du coup,on ne sait plus trop où ça veut en venir.Film gaucho-catho?Film réac déguisé?Choisis ton camp,camarade.L'interprétation est très solide et contribue grandement à sauver les meubles.Shailene Woodley a de l'énergie et du charme à revendre et porte le film.Theo James,qui joue 4,est un beau gosse charismatique,excellent comédien de surcroit.Kate Winslet,suave et glaçante dans le rôle de Jeanine,fait étalage de sa classe coutumière.Et Jai Courtney impose avec une belle présence le personnage d'Eric,l'instructeur antipathique,au point qu'on aurait préféré qu'il apparaisse plus à l'écran.Notons que Zoe Kravitz fait partie de la distribution.Elle est la fille du chanteur Lenny Kravitz,qui jouait dans ...."Hunger Games".