Neil Burger m'avait totalement séduit avec Limitless, dont l'originalité n'avait d'égal que son scénario à la fois amoral et totalement jouissif.
Vous imaginez donc ma tête lorsque j'ai vu cette chose et son affiche avec marqué en gros dessus "PAR LES PRODUCTEURS DE TWILIGHT" (dont l'aspect fait d'ailleurs difficilement penser à autre chose) et cette intrigue sortie tout droit des plus mauvais ingrédients d'Hunger Games et de La Stratégie Ender réunis.
Les premières minutes confirment mes craintes. Entre la présentation de ce monde futuriste typique de bestseller moderne pour adolescents, le système politique enclin à l'autoritarisme le plus pur, l'héroïne qui n'a rien de spécial en apparence mais qui est bien sûr tout le contraire à l'intérieur... Vient ensuite la sempiternelle entrée dans un nouvel univers où l'on retrouve les clichés les plus insupportables tels que la bande de potes à usage unique, le coup de cœur ténébreux, l'instructeur odieux, la tête à claques de service (ces derniers qui, juste pour bien montrer que ce sont des connards, ne font que mépriser et rabaisser l'héroïne durant toute la phase d'entraînement qui occupe les bons trois-quarts du film)... bref, tout y passe.
Cependant, ces quelques défauts s'estompent bien vite pour laisser place au véritable contenu. Et celui-ci est étonnement plaisant: contrairement aux teen-movies indigestes cités plus haut, l'ambiance de Divergente se veut moins pessimiste, ce qui fait que l'on s'amuse tout autant que son héroïne, en particulier lors des moments les plus sympas (la tyrolienne au milieu des gratte-ciels de Chicago avec du Woodkid en fond, ça c'était cool). De plus, le découpage est plus progressif et saisissant: premièrement, les deux héros ne tombent pas dans les bras l'un de l'autre comme on pourrait s'y attendre, mais au contraire apprennent à se connaître par leurs forces et leurs faiblesses. Leur amour est par ailleurs secondaire à l'intrigue et se construit en même temps que l'évolution de l'héroïne, à laquelle on croit pour plusieurs raisons.
D'abord l'actrice choisie est parfaite dans le rôle: moins belle qu'une Kristen Stewart ou qu'une Jennifer Lawrence, elle dégage pourtant bien plus de charme que les deux tout en restant tout à fait naturelle. Au final, cette fille, c'est un personnage auquel l'on peut facilement s'identifier: elle se cherche, doute, a peur, apprend à se dépasser, tombe, se relève, retombe, pleure, rit, goûte à la vie, à ses bienfaits et à sa cruauté. Son parcours est un peu le genre que l'on idéalise tous, celui qui nous apprend à devenir plus fort, à dominer nos peurs et à nous remettre de nos échecs, à devenir le/la meilleur(e).
De son côté, Theo James prouve que son potentiel d'acteur est bien au-dessus de ce qu'une bouse intersidérale appelée Underworld 4 laissait supposer, Jai Courtney met de nouveau à profit son physique de voyou antipathique tandis que Ray Stevenson, si on le voit moins, endosse un rôle inattendu dans lequel l'on peine à le reconnaître. Kate Winslet, quant à elle, intègre le cercle à la mode des antagonistes joués par des acteurs dont la réputation n'est plus à faire, à l'instar d'Harrison Ford dans Ender's Game ou de Michael Keaton dans Robocop.
Malgré un scénario qui pèche en se prenant parfois un peu trop au sérieux, Divergente est un film qui surprend par sa qualité et son honnêteté, un teen-movie plus audacieux que les autres (si vous n'avez pas vu le jeu de mots, songez à revoir le film) et démontre habilement le talent de ses jeunes interprètes et de son réalisateur.
Un agréable divertissement que je recommande à tous.