Audacieux, mais pas suffisamment divergent
C’est plus par hasard que par envie que je suis allé à la rencontre de Divergent, énième adaptation cinématographique d’un roman pour ados. Et pourtant, si le film n’est, comme attendu, pas un grand moment de cinéma, je dois avouer qu’il est parvenu à me surprendre à plus d’un titre.
La ville de Chicago post-apocalyptique qui nous est présentée (de l’extérieur - avec des plans larges de toute beauté - comme de l’intérieur - les entrailles de la cité, elles aussi très réussies, étant au cœur du film -), possède un certain cachet et la réalisation, signée Neil Burger, est de qualité (j’y reviendrai). Divergence peut aussi s’appuyer sur son actrice principale, Shailene Woodley, qui jongle plutôt bien entre la fille coincée et affirmée.
Puisque nous en sommes à évoquer les points forts du long-métrage, notons aussi la progression, qui, en plus d’être bien dosée, mise sur un rythme soutenu pour maintenir le spectateur en haleine les deux heures et demie que dure le film. Si ce dynamisme est bienvenu, on aurait volontiers échangé quelques scènes d’action contre un arc narratif plus étayé, les tenants et aboutissants de la situation politique et sociale dans lequel l’histoire prend place étant vraiment trop peu développés (On aurait aimé, par exemple, savoir pourquoi la ville de Chicago est dévastée, comment et pourquoi ce système de factions a été mis en place, pourquoi les Erudits veulent tant destituer les Altruistes du pouvoir). Dans un même ordre d’idée, le discours que promeut (très timidement) Divergent, à l’image d’un Hunger Games, n’est ni assez profond ni suffisamment mis en exergue par la trame pour provoquer une quelconque réflexion chez le spectateur.
Autre regret, le manque d’originalité d’un univers qui emprunte à Harry Potter (beaucoup), Inception (un peu) et Hunger Games (aussi). Cette lacune est heureusement quelque peu palliée par une vraie ligne directrice à la réalisation. La caméra virevolte pendant les scènes d’actions, soutenant à merveille l’une des thématiques principales du film qu’est l’émancipation, et conserve une certaine agilité lors des moments plus calmes. La bande-son, qui mélange compositions épiques signées Hans Zimmer et chansons pop/électro actuelles, est très réussie et colle parfaitement à l’ambiance du long-métrage.
Lorsque le scénario parvient à se mettre au diapason des deux derniers éléments mentionnés (réalisation et musique), les scènes qui en résultent sont diablement prenantes. Hélas, ces moments restent trop rares (surtout à l’échelle d’un film entier) pour nous faire oublier que l’on a affaire à un divertissement hollywoodien sans grande prétention. Car, de manière générale, le script s’avère convenu (à peu près tout, des tests d’aptitude à la bataille finale, a déjà été vu et revu) et n’évite pas certains clichés (comme la relation amoureuse que l’on voit arriver à des kilomètres).
Mais ne nous quittons pas sur cette mauvaise note. Divergent est un film globalement réussi, indéniablement au-dessus de la moyenne des teen movies. Il démontre que l’univers créé par Veronica Roth dispose d’un potentiel visuel et artistique certain, mais Insurgent, son successeur prévu pour l’année prochaine, devra livrer un propos plus marqué et plus original. S’il pourra en plus s’appuyer sur les mêmes bases que ce premier volet, alors nous pouvons nous mettre à rêver.
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