Je ne m'attendais pas à quelque chose d'exceptionnel, et je ne m'étais pas trompée : en effet, Divergente remplit pleinement son rôle de divertissement pour ados et même plus, si l'on veut bien se débarrasser de son cynisme, de ses sarcasmes et de ses préjugés (personnellement j'ai juste réussi à oublier mes préjugés le temps d'une projection). Oui, Divergente n'est pas le film de l'année. Oui, Divergente n'est clairement pas à la hauteur du deuxième Hunger Games (je dis bien le deuxième, car le premier film était une bouse extraordinaire), mais il n'est pas non plus en bas de l'échelle, en compagnie de Twilight, Sublimes Créatures, The Mortal Instruments et autre Ames Vagabondes, succès littéraires chez les pré-ados, bien que la saga littéraire Hunger Games s'adresse clairement à un public de plus de 14 ans, du moins en ce qui concerne le dernier tome de la trilogie.
Le film, adapté d'une trilogie littéraire signée Veronica Roth (22 ans lors de la publication du premier roman), succès phénoménal aux Etats-Unis mais moins retentissant en France et globalement en Europe, appartient à un genre très en vogue en ce moment dans les romans de science-fiction : la dystopie (ou contre-utopie). Donc, contrairement à l'utopie, qui décrit une société imaginaire où tous ses membres atteignent facilement le bonheur dans l'harmonie, la dystopie décrit une société, également imaginaire, organisée de telle sorte que ses membres ne peuvent atteindre le bonheur. Dans les classiques cinématographiques du genre dystopique, on peut nommer Farhenheit 451 de Truffaut, Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol, et Hunger Games de Gary Ross (le 1) et Francis Lawrence (le 2).
L'environnement de Divergente est on ne peut plus classique dans le genre de la dystopie : post-troisième guerre mondiale nucléaire, tout est détruit, et n'ont survécu qu'une poignée de gens dans une Chicago post-apocalyptique, protégée de "l'extérieur" par une clôture (d'ailleurs on ne nous dit même pas quel danger menace). La population est divisée en cinq factions, les Altruistes, les Audacieux, les Érudits, les Sincères et les Fraternels, qui sont donc caractérisées par une vertu, que sont censés appliquer les membres qui y appartiennent : les Altruistes, le don de soi (l'altruisme donc, pour faire plus simple) ; les Audacieux, le courage ; les Érudits, la connaissance, la soif de savoir ; les Sincères, la vérité ; et les Fraternels, le pacifisme, l'amitié. Tris a 16 ans, et comme tous les autres adolescents de cet âge, elle doit passer un test qui déterminera quelle faction lui correspond le mieux, à la suite duquel, lors d'une cérémonie, elle devra choisir la faction à laquelle elle appartiendra pour le restant de sa vie. Seulement, ce qui fait d'elle l'héroïne du film, c'est qu'elle est Divergente : en effet, elle appartient à plusieurs factions, les Audacieux, les Érudits et les Altruistes, ce qui est extrêmement mal vu par les dirigeants, qui considèrent qu'on ne peut contrôler ces individus. Elle va donc devoir se la fermer, et évoluer dans la faction des Audacieux sans que personne ne découvre son secret (qui sera quand même découvert par un beau brun ténébreux).
Il n'y a pas de surprise, on sait déjà ce qu'il va arriver dès les premières vingt minutes, à peine, mais ce n'est pas désagréable pour autant. Shailene Woodley, jeune actrice de la même vague que Jennifer Lawrence et autres Chloë Grace Moretz, remarquée aux côtés de G. Clooney dans The Descendants et saluée pour son interprétation dans The Spectacular Now, rejoint le cercle des jeunes actrices interprètes d'héroïnes de sagas d'origine littéraire : J. Lawrence dans HG, K. Stewart dans Twilight, E. Watson dans Harry Potter... Et elle ne s'en sort pas trop mal. Son côté girl next door la rend plutôt attachante, même si pour l'instant le film n'a pas exploité sa personnalité, elle reste donc, malgré son statut de personnage principal, une héroïne trop lisse et un peu fade. Theo James, beau brun ténébreux aussi nécessaire que Peeta et Gale (HG) ou encore Edward Cullen (Twilight) dans une saga destinée aux ados, ne fait pas d'étincelles mais ne se ramasse pas la gueule non plus. Et, d'ailleurs, je ne vais sûrement pas me plaindre de son physique plastiquement parfait et de sa voix grave et sensual (vu en VO) (+ je m'excuse pour cet excès sentimental).
Les personnages secondaires sont plutôt intéressants, notamment Miles Teller dans le rôle de Peter, insupportable, méchant et cruel à souhait (à noter que Shailene et lui étaient un couple dans The Spectacular Now), Ansel Elgort dans le rôle de Caleb, le frère de l'héroïne, un peu lisse, tout comme sa soeur, mais prometteur (à noter que Shailene et lui sont un couple dans The Fault In Our Stars). Kate Winslet dans le rôle de la méchante n'est pas impressionnante, elle fait son petit truc et puis c'est tout. Elle n'est pas terrifiante ni crédible ce qui rend faibles les risques et dangers que court Tris en comparaison avec le terrible Président Snow de HG.
Of course, les dialogues ne relèvent pas du génie, les factions ont des étiquettes qui leur collent sur le front et qui clignotent, attirant le sarcasme dont je n'ai pas pu me débarrasser avant la séance, comme je vous l'ai dit plus tôt : les Altruistes = Restos du Coeur, les Audacieux = bourrins tatoués métalleux rebelles, les Érudits = intellos coincés, les Sincères = grandes gueules, les Fraternels = paysans bouseux des champs. Of course, tous les acteurs sont des mannequins (Theo James embrasse-moi), of course c'est très guimauve et cucu la praline par moments, of course parfois on ferme les yeux en se pinçant l'arête du nez, exaspérés par du vu et revu qui sent la mélo-dramatico romance... Mais, pour être honnête, le film m'aurait peut-être bien moins plu s'il n'avait pas été bardé de ces petits défauts dont se nourrit mon cynisme.
La musique n'est pas non plus marquante, ils ont préféré s'en tenir aux recettes qui marchent bien : Ellie Goulding, Woodkid et Snow Patrol, entre autres.
J'ai apprécié le fait que Tris galère pendant tout son entraînement d'audacieuse, histoire qu'elle ait quelques difficultés avant de sauver le monde ; j'ai moins aimé le fait qu'en effet, tout paraisse si facile, et l'histoire d'amour entre elle le beau brun ténébreux, si simple et niaisouse. Mais bon, je l'ai dit plus tôt, je ne m'attendais pas à une love story complexe et tourmentée.
J'ai lu la trilogie récemment, après visionnage du film, et j'avoue être mitigée : le style littéraire est semblable aux Twilight de Stephenie Meyer, simple, pas compliqué, facile à lire, mais ne dépasse pas Hunger Games de Suzanne Collins, un niveau au-dessus. Cependant, j'ai préféré l'histoire à Twilight, car, enfin, voici une saga pour ados ne mettant pas en scène un stupide triangle amoureux horripilant que nous servent habituellement les blockbusters des dernières années (Bella-Jacob-Edward pour Twilight, Katniss-Peeta-Gale pour Hunger Games). Si les deux premiers tomes ne sont pas particulièrement surprenants, je suis convaincue que l'auteure, Veronica Roth, a volontairement écrit une fin choquante (enfin, c'est ce que je pense personnellement) dans le but de se démarquer des nombreuses autres sagas. Donc, si vous vous demandiez si cela valait le coup d'aller voir la suite, je dirais oui. Peut-être que le deuxième opus ne vous marquera pas particulièrement, ni la première partie du troisième, mais la dernière sûrement. Et puis, on sait tous ce qu'il va se passer : vous allez voir la bande-annonce du 2 dans moins d'un an, vous allez vous souvenir du 1, et, si celui-ci ne vous a pas fait fuir en hurlant, vous irez au ciné voir la suite. Ou au moins, vous la verrez en streaming. Mais je vous conseille au moins le dernier (bien qu'étant une trilogie, le dernier tome sera divisé en deux parties, pour ne pas tricher sur Harry Potter, Twilight et Hunger Games).
Pour résumer, Divergente oscille entre le haut et le bas de l'échelle, il est au milieu, et on attend de voir la suite pour décider de son plongeon, de son ascension, ou d'une tranquille stabilité, nourrie par les mêmes entrées de ciné que les filles de treize ans (et moi aussi) qui étaient allées voir le premier.
PS: notez le magnifique jeu de mots de mon titre, c'est assez exceptionnel