Que dire de plus qui n'a pas été déjà dit ailleurs ! Oui ce film est lumineux, oui ce film est enchanteur, oui ce film est un ode à la liberté, oui ce film est un road movie au féminin, oui ce film met en scène une jeune fille folle de sa liberté et de sa joie... bref, oui ce film est imparfait comme peuvent l'être certaines œuvres très fortes.
Non moi ce que je voulais souligner c'est ce désespoir sans fond qu'il met au jour... le désespoir de ceux qui n'ont plus rien et à qui, pourtant, on vient enlever le peu qui reste...
Ce désespoir qui suinte de ce tas de gilets de sauvetages sur une plage déserte, de ce bivouac sur les voies du chemin de fer grec en grève où l'on chante pour oublier la misère.
Ce désespoir surtout de ces hommes et de ses femmes qui n'ont plus rien d'autres que la boisson pour oublier que leur pays est à l'agonie, incapable de leur fournir le minimum vital que sont un toit et un travail, les obligeant à l'exil et donc quitter cette terre qu'ils aiment tant
Ce désespoir que magnifie Djam à travers sa liberté de paroles, de pensée et d'expression, à travers également la jouissance qu'elle prend à provoquer l'autre avec son corps et cette nudité qui est pour elle la dernière chose que personne ne pourra lui enlever ; cette nudité qui lui permet de s'exprimer avec force lorsqu'elle ne trouve plus les mots.
Ce désespoir que porte sur elle Avril qui, comme tout bon français qui se respecte, fait "la gueule" pour bien montrer à quelle point elle est malheureuse, incomprise, et combien ce peuple qui n'arrête pas de s'exprimer avec emphase la met mal à l'aise.
Ce désespoir qu'elle finit par déposer petit à petit au bord des chemins ce qui lui permet, au fur et à mesure de leur épopée, de reprendre goût à la vie, ses joies, ses peines, ses surprises...
"Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre" dit Camus dans l'étranger. Et personnellement, je pense que ce film, baignée de la lumière méditerranéenne et de musique douce amère, en est la parfaite illustration.