Attendu avec une impatience très partagée, Django Unchained est un western-spaghetti moderne, nouvel opus d'un Tarantino dont beaucoup admirent depuis son tout premier film son style très... tarantinesque.
Pour la deuxième fois après Inglourious Basterds, il venge des victimes de l'Histoire. Cette fois-ci les opprimés sont les esclaves noirs à l'époque du Far West. D'où une première qualité du film : son originalité, car hormis dans l'excellente série Deadwood, la condition des gens de couleurs en ces lieux et temps troubles n'a jamais été pertinemment abordée à l'écran. Chose maintenant rectifiée avec habileté car sans manichéisme : les Blancs sont la plupart bêtement racistes mais certains défendent les afro-américains (King Schultz) ou au moins peuvent les estimer d'une certaine manière (Calvin Candie). Et à l'inverse certains Noirs franchement mauvais sont paradoxalement des piliers de la suprématie blanche (Stephen bien sûr, mais aussi les négriers noirs évoqués).
Si l'histoire est astucieuse et la mise en scène très aboutie, on peut regretter les absences du style déjà mentionné du cinéaste. Certes la violence graphique est là, ainsi que la superbe BO et les clins d'oeil. De même pour la prestigieuse distribution complétée de seconds couteaux, stars d'antan et quelques figurants charismatiques. Mais à coté de ça les jeux de chronologie habituels sont quasiment inexistants hormis quelques flash-back éclairs et l'hilarante scène d'un Ku Klux Klan des premières heures bien ridiculisé. Moment certes réussi mais qui jure quand même par son humour bon-enfant avec le reste du film. Manquent aussi plus de dialogues piquants et décalés et un ou deux bons mexican stand-off qui auraient plus-que-jamais eu leur place dans un western.
Donc si ce Django est somme toute de qualité, certains fans de Tarantino peuvent être surpris (déçus) par les manques énumérés qu'ils attendaient (espéraient). Reste pour eux à souhaiter que ceux-ci ne soient pas les prémisses d'un changement de style plus profond.