Attendu avec une impatience très partagée, Django Unchained est un western-spaghetti moderne, nouvel opus d'un Tarantino dont beaucoup admirent depuis son tout premier film son style très... tarantinesque.


Pour la deuxième fois après Inglourious Basterds, il venge des victimes de l'Histoire. Cette fois-ci les opprimés sont les esclaves noirs à l'époque du Far West. D'où une première qualité du film : son originalité, car hormis dans l'excellente série Deadwood, la condition des gens de couleurs en ces lieux et temps troubles n'a jamais été pertinemment abordée à l'écran. Chose maintenant rectifiée avec habileté car sans manichéisme : les Blancs sont la plupart bêtement racistes mais certains défendent les afro-américains (King Schultz) ou au moins peuvent les estimer d'une certaine manière (Calvin Candie). Et à l'inverse certains Noirs franchement mauvais sont paradoxalement des piliers de la suprématie blanche (Stephen bien sûr, mais aussi les négriers noirs évoqués).


Si l'histoire est astucieuse et la mise en scène très aboutie, on peut regretter les absences du style déjà mentionné du cinéaste. Certes la violence graphique est là, ainsi que la superbe BO et les clins d'oeil. De même pour la prestigieuse distribution complétée de seconds couteaux, stars d'antan et quelques figurants charismatiques. Mais à coté de ça les jeux de chronologie habituels sont quasiment inexistants hormis quelques flash-back éclairs et l'hilarante scène d'un Ku Klux Klan des premières heures bien ridiculisé. Moment certes réussi mais qui jure quand même par son humour bon-enfant avec le reste du film. Manquent aussi plus de dialogues piquants et décalés et un ou deux bons mexican stand-off qui auraient plus-que-jamais eu leur place dans un western.


Donc si ce Django est somme toute de qualité, certains fans de Tarantino peuvent être surpris (déçus) par les manques énumérés qu'ils attendaient (espéraient). Reste pour eux à souhaiter que ceux-ci ne soient pas les prémisses d'un changement de style plus profond.

LynxBleu

Écrit par

Critique lue 728 fois

17

D'autres avis sur Django Unchained

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Django Unchained
real_folk_blues
7

Jamie nie Crockett

Salut, j’aime Tarantino et je t’emmerde (poliment, bien sûr). Certes, il est podophile (j’ai bien utilisé la lettre « o »), pas très agréable à regarder, parfois vulgaire, et un brin complaisant...

le 18 janv. 2013

133 j'aime

50

Django Unchained
Nushku
7

Dragées Unchained

Le dernier Tarantino est un film des plus sucrés. Sucré avec tous ces accents chantants ; ce Sud pré-Civil War aux relents de southern gothic, aux plantations garnies de belles demeures ornées de...

le 11 janv. 2013

105 j'aime

8

Du même critique

C'est arrivé près de chez vous
LynxBleu
5

On peut rire de tout...

Le meurtre de pauvres gens qui n'ont rien demandé, la traque impitoyable d'un enfant qu'on vient de rendre orphelin, un jeu d'ivrognes se moquant éhontément d'un fait divers sordide, le viol atroce...

le 6 janv. 2013

64 j'aime

3

Dupont Lajoie
LynxBleu
9

♫ Douce France ♫

"Dupont-lajoie" est une expression oubliée qui désigne le Français moyen, voire caricatural. C'est aussi le meilleur titre que ce film-choc pouvait avoir car il met justement en scène une pléiade de...

le 9 mars 2013

40 j'aime

22

Blade Runner
LynxBleu
9

Vieux par son âge, futuriste par son scénario, actuel par ses thèmes, intemporel par son génie.

Référence incontestée du cyberpunk à l'écran, Blade Runner est un incontournable monument dont la magnificence visuelle et sonore sublime un film certes difficile mais fascinant de richesse et...

le 30 sept. 2012

32 j'aime

3