Django Unchained, le dernier Tarantino conforte pleinement l’aura du réalisateur, toujours plein d’audace et de talent.

Avec Tarantino c’est avant tout un fait indéniable : au bout de 2h50 de film, on en demande encore ! Le film ne s’essouffle à aucun moment, il commence et termine à tambours battants. La violence et le cynisme vicieux à la sauce Tarantino nous réjouissent malgré, il faut le dire, une profonde faiblesse scénaristique. Effectivement, la trame de fond et l’espèce de conte-western ne passionne pas outre mesure, mais les dialogues et le traitement de la thématique arrive à gommer cette faiblesse.

Et qu’importe ! Avec une habileté déconcertante, la caméra de Tarantino se déchaîne, offrant un spectacle et des décors assez exceptionnels. Django est incarné par un Jamie Foxx brillant en esclave affranchi, maladroit avec sa liberté et animé par un esprit vindicatif à toute épreuve. Foxx s’éclipse cependant face à l’énorme Christopher Waltz, chasseur de prime qui libère Django tout en le rendant dépendant à lui. Le casting offre par ailleurs un Di Caprio tonitruant dans le rôle d’un businessman bipolaire.

Au-delà d’un casting bien ficelé et des choix de mises en scène à la fois justes et originaux, Tarantino nous offre une grande leçon de cinéma. Contrairement au Lincoln de Spielberg qui nous vomit un espèce de réquisitoire contre l’esclavage, Tarantino arrive nous raconter beaucoup plus de choses sur cette thématique. Avec des dialogues qui frôlent l’absurde, on rit souvent à des situations qui sont d’une réelle gravité et c’est là le génie. La démesure visuelle et l’expansivité parfaitement maîtrisée nous confronte tout autant à l’atrocité de l’esclavage.

Aussi, la dérangeante servitude volontaire des esclaves noirs dans le film est un joli clin d’œil à La Boëtie (De la servitude volontaire). Tarantino a l’audace de questionner l’histoire et dénonce non seulement l’esclavage mais surtout la servitude des esclaves à un ordre qu’ils ont tendance à intérioriser et normaliser. Il pousse cette réflexion avec le personnage de Samuel L. Jackson (majordome de Di Caprio), pourtant libre mais plus soumis que les esclaves, constamment obsédé par le bien-être de son maître, sans même y être forcé.

La bande son (Rick Ross tout de même !), on valide à mort ! Tarantino injecte une folle modernité dans ce prétendu western qui rend ce contraste absolument jouissif.

Au-delà d’une nouvelle prouesse visuelle pour Tarantino, c’est sa capacité à questionner les faits et bousculer l’histoire que je trouve impressionnante, au point de transcender tous les genres…
MarouaneZemmour
8
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le 7 févr. 2013

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MarouaneZemmour

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