Django unchained est un chef-d'œuvre de violence opératique. Certains reprochent à Tarantino de se complaire dans des situations historiques où la violence est justifiée, ce qui permettrait au spectateur contemporain d'en jouir sans mauvaise conscience. En se plaçant du côté d'un noir victime de l'esclavage, il pourrait ainsi justifier de montrer les pires atrocités. L'argument n'est pas faux. Mais c'est la démesure, l'aspect mythique de la mise en scène qui bloque toute possibilité pour le spectateur de retranscrire cette violence dans sa réalité. Il jouit de chacune de ces irruptions de violence, surpris par les chemins sans cesse nouveaux qu'elle emprunte. La violence, magnifiée par l'écriture, développe ainsi son pouvoir cathartique. Pour la mettre en scène, Tarantino va jusqu'à falsifier l'histoire. Dans un contexte documentaire réaliste, les derniers temps de l'esclave aux Etats-Unis, il construit le premier héros noir libérateur du western. Tarantino confirme sa place de grand artiste maniériste, celui de la crise de l'image-action, qui en fait une sorte de Michel-Ange du cinéma. voir développement de la critique ici