Avec Doctor Strange, Marvel donne presque l'impression dans son déroulé narratif de s'excuser d'encore nous proposer une histoire d'origine de super-héros. Tout est strictement balisé de bout en bout, les jalons s'enchaînent comme les notes d'une partition perforée.
Le trauma du héros en devenir, le mentor mystérieux, l'initiation aux embûches liliputiennes, le méchant passe-partout, la romance-mais-pas-trop-pas-le-temps-de-tout-caser. L'univers même de magie - malgré le joli travail (quoique lisse) du département effets spéciaux (Inception a déniché plus qu'un challenger, et miam la 3D IMAX) - se résume finalement à ses bonshommes qui se tapent dessus avec des barres de lumières (mages niveau 1 , gain d'XP en cours, sous-exploitation bonjour). Pas un écart, pas une échappée vers quelque chose d'un tant soit peu original.
Et pourtant, Doctor Strange laisse une bonne impression à la sortie. Il ne faut pas trop gratter la surface du bousin, sinon tout ce qui est suscités vous explose à la tronche, mais le plaisir pop-corn du blockbuster est remarquablement efficace. Sûrement parce qu'à être à ce point balisé dans son déroulé, Doctor Strange va chercher ses atouts ailleurs.
Son casting déjà. Benedict Cumberbatch en impose, de la même façon que son opposant Mads Mikkelsen, rarement vu un personnage aussi creux avoir autant de présence. Et Chiwetel Ejiofor. Fiioou, vivement la suite, c'est le seul personnage un tant soi peu travaillé (et quand on connait son passé comics, on comprend pourquoi).
Sa seconde partie enfin. Si la première ressemblait à Sept ans au Tibet rencontre Inception mal fusionné avec Matrix, la deuxième prend son envol, se lâche dans la mise en scène où New York devient un kaléidoscope jouissif. Doctor Strange via le personnage de l'Ancien, tente même de singer une scène culte de Blade Runner. C'est infiniment en deçà, mais ça a le mérite de tenter autre que chose que le pot-pourri action bourrine/humour potache habituel.
Doctor Strange enfin, c'est un chapelet de promesses infini à même d'enrichir le MCU. Si son épicentre vu et revu d'Avengers reste l'essentiel du MCU, ses pourtours galactiques et magiques se révèlent les plus intéressants et laissent espérer un festival sans commune mesure. Maintenant que magicien psychédélique est sorti de son cocon, laissez-le planer sur le MCU sans retenue.
Et Doctor Strange, n'oublions pas, c'est le personnage pour reboot par excellence. Maintenant qu'il est là, c'est bon, Marvel Studios peut aller au bout de son truc, quand ça patinera vraiment, on repartira de zéro. Donc lâchez vous messieurs mesdames.