J'ai toujours eu un petit faible bien avoué pour les films de super-héros, dont un plus ou moins coupable pour ceux made in Marvel. Ils sont pour moi le moyen idéal de se divertir sans se prendre la tête. Le problème c'est que depuis 2008, ce genre de film envahit nos écrans sans réellement se renouveler, quitte à en devenir abrutissant. Il n'y a plus la sensation de nouveauté qui existait lors du premier Iron Man par exemple, où l'excitation à l'idée de voir ces héros (pas) si différents réunis pour la première fois dans le premier Avengers. Thor, Captain America (Civil War excepté) et toutes les suites se noyaient dans les clichés et ne surprenaient plus, se perdant dans des scénarios alambiqués dans le seul but de faire du Marvel® (ce qui ne m'empêche pas d'en apprécier certains). Mais l'arrivée de Gardians Of The Galaxy nous a fait espérer un renouveau dans la décennie des super-héros. Et Doctor Strange le confirme : non, le film du genre n'est pas mort !
Comme pour foutre une deuxième baffe à DC après l'échec critique de Suicide Squad, Scott Derrickson signe pour le fameux studio adverse tout ce qu'on pourrait attendre de ce genre de film.
Dr. Stephen Strange, neurochirurgien de renom, arrogant et craignant l'échec par dessus tout, se retrouve dans l'incapacité d'utiliser ses mains après un accident de voiture. Il va alors se mettre en quête d'une médecine "alternative", obnubilé par l'idée de re-pouvoir exercer...
Porté par un casting impeccable (Benedict Cumberbatch, Mads Mikkelsen, Tilda Swinton, Chiwetel Ejiofor, Rachel McAdams...), tous imprégnés de leur rôle, nous suivons le périple de ce docteur qui n'est pas sans rappeler celui d'un certain Bruce Wayne... Grâce au charisme indéniable de Cumberbatch (même sans son merveilleux accent anglais), l'attachement au héros n'est pas difficile. Moins prétentieux que Tony Stark mais sans posséder l'altruisme de Captain America ou le physique (que certains diront) parfait de Thor, Strange semble déjà atypique dans cet univers. Il en a rien à battre de sauver le monde (au début bien sûr), tout ce qu'il veut, c'est sauver ses précieuses mains. Le scénario est assez simple, mais tient la route, et l'ennui n'a pas le temps de pointer le bout de son nez (le film durant moins de deux heures, ce qui empêche plus de profondeur en contre partie). L'humour est moderne sans être lourd, les méchants sont crédibles, la magie et univers parallèles bien intégrés, et on ne peut qu'admirer les effets spéciaux à la Inception. Et le message a le mérite de changer quelque peu : non, les hommes ne sont pas au centre de l'univers, ce n'est pas la gloire qui compte, c'est savoir perdre (c'est beau hein). Sans être intellectuel, le film a le mérite de faire réfléchir.
Alors oui, il y a des points négatifs, bien sûr. Le côté spirituel sonne quelque peu dramatique, caricatural, certaines facultés nous feront lever les yeux au ciel, ça manque de simplicité, c'est un peu trop chorégraphié... Mais bon, certains ayant moins pris leur pied en parleront mieux que moi.
On appréciera comme toujours la petite caméo habituelle de Stan Lee et d'autres petites références (dont celle à Sherlock quand Stephen arrive à Londres pour la première fois) ainsi que la scène post-credit qui annonce la couleur. (Je ne parlerai pas des possibles différences avec les comics, n'ayant pas encore lu ces derniers.)
C'est donc une bonne surprise qu'est ce dernier Marvel, et pourtant je vous l'assure, je n'avais absolument aucune envie de le voir. Le studio agaçant de par son omniprésence a finalement relevé le défi de changer sa formule. Dr. Strange est drôle, divertissant et visuellement spectaculaire. Tout ce qu'on peut espérer, c'est qu'il suive cette voie pour les prochains... qui, en plein Âge d'Or marvélien, seront très nombreux, n'en déplaise à certains.