Je l'attendais sans l'attendre, me disant que j'irais probablement le voir sans ressentir une impatience particulière (un peu comme la plupart des productions Marvel, en somme). Reste que le premier est, de loin, l'un de ceux que j'avais préféré dans le registre super-héroïque ces dernières années, que ce soit par ce personnage aussi agaçant que charismatique qu'un humour fonctionnant pour une fois à plein ou des effets visuels assez révolutionnaires. Alors quand c'est en plus le grand retour de Sam Raimi... Enfin, grand. Retour, disons, aucun réalisateur important n'ayant réellement su imposer sa patte depuis la formule orchestrée par Kevin Feige depuis « Iron Man », disons.
Et j'avoue qu'il m'a fallu du temps pour apprécier un minimum l'entreprise. On commence d'emblée par une grosse scène d'action dont on devine (plus ou moins) le dénouement, on sent qu'il faut aller tout de suite très vite, très fort pour ne pas perdre un public visiblement incapable de se poser pour apprécier un moment de pause, une situation plus aboutie, un dialogue. Cela va se calmer un peu par la suite, que ce soit pour mettre en place les enjeux (forcément démesurés) du scénario, où vous risquez de manquer quelques épisodes (au sens propre comme figuré) si, comme moi, vous n'avez pas vu « WandaVision », ou se concentrer sur l'impressionnante richesse de l'univers visuel, semblant offrir , par définition, un nombre de possibilités infinies. Cela m'a permis de me réinvestir dans une entreprise parfois confuse dans son déroulement, ayant du mal à trouver le ton juste, ne retrouvant jamais vraiment la verve de son prédécesseur, en partie à cause d'un humour à la fois moins présent et fonctionnant moins bien.
Pourtant, cette idée des mondes parallèles, je l'ai toujours trouvé génial. Encore faut-il l'exploiter pleinement et avec talent, ce qui est quand même un peu plus le cas ici que dans le dernier « Spiderman ». Mais comme je vous l'écrivais, même si ça ne saute pas immédiatement aux yeux, le paquet a été mis visuellement, offrant quelques affrontements stupéfiants, aussi bien dans des effets spéciaux d'une incroyable fluidité que des décors proprement renversants, offrant une immersion totale dans le « multiverse ». De façon générale, l'ensemble est plus prenant une fois dans le vif du sujet, pas toujours fluide, donc, mais offrant certains passages assez sympa, non sans une bonne grosse louche de fan service, mais ayant le mérite d'être efficace. Et s'il y a finalement peu de « Sam Raimi's touch »
(caméo de Bruce Campbell excepté),
il n'est clairement pas étranger aux évidentes trouvailles formelles offertes à plusieurs reprises.
Pour le reste, Benedict Cumberbatch est toujours impeccable dans un rôle toutefois moins intéressant depuis qu'il a perdu son arrogance, entouré de seconds rôles sans réelle envergure, si ce n'est, sans doute, ses deux partenaires féminines : la toujours craquante Rachel McAdams et surtout Elizabeth Olsen, ne disposant malheureusement pas de dialogues et d'une écriture assez soignée, mais offrant une
antagoniste intéressante, un minimum complexe, offrant une belle opposition tout en gardant une part d'humanité la rendant séduisante, notamment dans ses motivations (à ce titre, le repentir final ne m'a guère convaincu, mais bon, il fallait bien trouver un truc).
Du très sympa et du beaucoup plus routinier, donc : Marvel continue son lissage et sa formule éprouvée avec un peu plus de créativité, de panache que de coutume, même si ce n'est pas forcément grâce à son (plus si) séduisant héros que c'est le cas. En tout cas, Scott Derrickson « meilleur » réalisateur que Sam Raimi : je n'aurais pas souvent l'occasion de voir ça.