Après Barberousse, Kurosawa n'était plus en adéquation avec les méthodes de production de la Toho (la télé prenait de plus en plus de place au japon). Une proposition américaine pour faire un film sur un train roulant à 150 km/h (Runaway train) en couleur fut mis en chantier mais la société de production changea d'avis et voulu le faire en noir et blanc. Le projet fut avorté. Plus tard il commença la réalisation de la partie japonaise dans le film Tora! Tora! Tora! mais suite à de multiples trahisons et desaccords avec les studios américains, il fut virés au bout de trois semaines. Avec l'aide de trois amis réalisateurs (Keisuke Kinoshita, Masaki Kobayashi et Kon Ichikawa), ils fondérent une société de production pour épauler Kurosawa. Dodes'kaden allait être mis en chantier. Depuis Barberousse jusqu'à ce film cinq ans s'écoula.
Kurosawa passe à la couleur. Voilà l'intérêt majeur du film. Il utilise en majorité des couleurs primaires pour les lieux et les vêtements signifiant l'appartenance ou l'état d'esprit d'un personnage (les deux amis pochtrons sont en jaune pour l'un et rouge pour l'autre, leur maison et leur femme sont respectivement de la même couleur). Il va même jusqu'a faire peindre un coucher de soleil. les maquillages sont outranciers. Il ne s'embarrasse pas d'un quelconque réalisme. On est à la limite de l'expérimental. Limite car les situations sont bien ancrées dans le réel tout en étant suggérer pour certaines (viol, vol, tentative de meurtre, pauvreté extrême, alcolisme, mort,etc...).
A montrer la misère, on est pas loin de son film "les bas fonds". Et le problème est là. Le film fait très théatral. Le livre dont le film est l'adaptation est un recueil d'histoires se passant dans un bidonville. Kurosawa au lieu de faire une histoire après une autre a voulu les croiser. Mais malheureusement on a l'impression de regarder quand même un film à sketches. On passe d'un morceau d'histoire à un autre avec juste un découpage au montage. Pas de mouvements de caméra réfléchi pour amener de la fluidité comme le maitre nous a quasiment toujours habitué. Et presque chaque scène va rester dans une même unité de lieu n'arrangeant pas l'impression de voir du théatre filmé. Jusqu'aux acteurs qui en font parfois trop.
Je suis mitigé sur ce film. Une petite déception.
Le théatre c'est bien, mais au théatre /20