"Imagine an eye unruled by man-made laws of perspective, an eye unprejudiced by compositional logic, an eye which does not respond to the name of everything but which must know each object encountered in life through an adventure of perception. How many colors are there in a field of grass to the crawling baby unaware of "Green"? How many rainbows can light create for the untutored eye? How aware of variations in heat waves can that eye be? Imagine a world alive with incomprehensible objects and shimmering with an endless variety of movement and innumerable graduations of color. Imagine a world before the "beginning was the word."
Stan Brakhage (1933-2003)
Si je commence par une citation de Stan Brakhage, c'est parce que je respecte infiniment son importance dans le cinéma expérimental mondial, et son influence sur plusieurs générations d'artistes. Stan Brakhage était un formidable théoricien de la "vision intérieure" (inner vision) et un pionnier du cinéma fait pour l'"oeil sans tuteur" (untutored eye).
Mais avec toute la tendresse que j'ai pour son travail, Dog Star Man est une démonstration de techniques absolument sensationnelle mais on a peine à y retrouver la simplicité de l'enfance; le montage est douteux, son obsession pour la chair et le sang sont déstabilisantes, les motifs sont répétitifs.
Et sa manière de représenter les phosphènes (ces petites taches de lumière qui restent dans la rétine quand vous fermez les yeux) était déjà complètement dépassée au moment de leur conception. Ses contemporains comme Jordan Belson et Marie Menken surpassaient déjà le Maître à sa plus grande époque.
Après avoir vu aujourd'hui son oeuvre sans doute la plus commentée, Dog Star Man, je pose ainsi la question à tout le monde : Stan Brakhage n'était-il pas meilleur théoricien que cinéaste ?