Après l'américain hyper formaté et décevant (pour moi) Aniki mon frère, Takeshi san a décidé de rendre un hommage au théâtre Bunraku dans ce film esthétiquement époustouflant. Dolls m'a rassurée sur les capacités du Maître à se renouveller et à se réinventer.
OUF !
Le Bunraku est l'une des trois formes principales du théâtre traditionnel japonais avec le Nô (drame lyrique classique de l'époque des Shogun) et le Kabuki (théâtre bourgeois de l'époque Edo).
Le Bunraku est un spectacle de marionnettes dont Kitano nous montre quelques scènes en une sorte de prégénérique à son film.
Allier avec un tel talent la tradition et la modernité incarnant ainsi tous les paradoxes de la société en générale et japonaise en particulier, il fallait un cinéaste de la trempe du réalisateur d'Hana-Bi, capable de nous offrir un tel feu d'arfifice d'images à couper le souffle.
Fait notable, d'ailleurs, Beat Takeshi, son alter ego acteur n'est pas distribué. C'est, je crois, le seul de ses films dans lequel il ne joue pas un rôle.
Niveau scénario nous sommes dans ce qu'il est courrant d'appeler un film choral.
Trois histoires d'amour, trois films somme. La naïveté du propos qui pourrait être reprochée ici perd toute légitimité face aux tableaux qui nous sont proposés. Le contraste entre le fond, d'une apparente simplicité et la richesse formelle fait tout l'intérêt du film. Les coeurs qui battent, s'éteignent ou se guérissent offrent une palette de sentiments, montrent que cette naïveté, cette pureté est une volonté, une recherche même de la part du cinéaste. Les trois histoires racontées ont cette pureté, cet épure même. Evidemment, rien n'est si simple et elles sont abimées par différents obstacles (la famille, l'ambition, la maladie, la situation sociale, la mort...) mais toujours sincère. Trois histoires, trois états amoureux différents.
La fusion complète entre Matsumoto et Sawako, l'un cherchant à réparer la trahison passée de leur amour et les promesses non tenues, l'autre oscillant entre folie et hébétude. Les regrets tardifs d'un vieillard yakusa qui se rappelle l'amour que lui portait une jeune femme qu'il a délaissée par peur de s'engager et enfin l'amour sacrificiel d'un homme/fan pour son idole à qui il cherche à redonner goût à la vie.
Même si Beat Takeshi n'est pas présent physiquement à l'écran, son âme est bel et bien là. Ses talents de peintre sont exploités à chaque plan, se servant des nuances offertes pas les couleurs de la nature au fil des saisons pour illustrer une palette de sentiments mais se refuse à tout sentimentalisme. La suggestion étant bien plus porteuse.
La partition de Joe Hisaïshi, collaborateur habituel de Kitano, se fait douce, et discrète afin d'insister sur l'intériorisation des sentiments les plus violents. La passion maladive, la constance amoureuse sont les personnages principaux de ce métrage habité par les paysages, les arbres, les fleurs et le vent... et les jeux temporels.
Rawi
8
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le 30 avr. 2014

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Rawi

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