Antoine Doinel vit désormais en couple avec Christine, les jeunes mariés partageant un petit appartement typiquement parisien, dans lequel elle donne des cours de violon alors que lui travaille pour un fleuriste juste en bas.
Cette petite arrière-cour et sa population bigarrée sont l'occasion pour Truffaut de filmer le quotidien des parisiens en cette année 1970, entre le voisin âgé cloîtré dans son appart', le cafetier un peu bourru et sa femme à tendance nymphomane.
Par la suite, "Domicile conjugal" se recentre sur le couple principal, incarné par une Claude Jade fraîche et pimpante mais un brin soumise, et un Jean-Pierre Léaud toujours aussi charmeur et fatigant.
Après l'euphorie initiale et les premiers désaccords, les amoureux semblent s'inscrire dans la durée, puisque sans crier gare Christine se retrouve enceinte, provoquant la joie du futur père.
Mais ce dernier, qui a encore changé de job, se trouve bien vite confronté à la tentation de l'adultère, tandis que les anciens tourtereaux connaissent déjà l'usure du couple et la difficulté de vivre à deux.
Dans cet opus qui laisse une large place à l'humour, Truffaut donne l'impression de ne pas vouloir prendre son récit trop au sérieux, filmant l'instant présent, même si la dernière partie s'intéresse davantage à la psychologie des deux héros.
Même si les séquences s'avèrent comme d'habitude inégales, la mise en scène de Truffaut reste toujours créative et décalée (cf Claude Jade en geisha), n'hésitant pas à rendre hommage à ses maîtres (cf le coup de fil à Jean Eustache, ou le sosie de Monsieur Hulot).
La photo apparaît à nouveau nette et colorée, dans la continuité de "Baisers volés".
En somme, les trois premiers épisodes de la saga Doinel sont à mon sens d'une qualité homogène, et "Domicile conjugal", pas le plus léger mais sans doute le plus ouvertement comique, s'inscrit parfaitement dans cette lignée, avec son héros toujours tête à claque mais attachant.