Avec leur comédie dramatique Domingo mélangeant désillusion et nostalgie, les cinéastes brésiliens Fellipe Barbosa et Clara Linhart nous convient au repas dominical d’une grande famille le jour de l’investiture historique de Lula, soit le 1er janvier 2003, mais peinent à nous rassasier sur quelques points.
Cela tient essentiellement à l’inconsistance de la mise en scène qui dessert le potentiel satirique du scénario proposé par Lucas Paraizo : en effet, alors que la campagne présidentielle fait rage au Brésil et que la pression de l’extrême droite se fait gravement sentir, on aurait voulu retrouver un peu plus d’électricité au sein de ce film choral -stagnant aussi bien sur le plan de la forme que celui du fond-, ce qui aurait été possible si cette maison de campagne vétuste s’était transformée en théâtre du chaos.
Mais le duo de réalisateurs a été parcimonieux dans son entreprise. Du coup, l’intrigue ne prend pas un essor significatif puisqu’aucun enjeu de poids ne saurait être concrètement dégagé de cet enchaînement hasardeux de tranches de vie tchékhoviennes (on pense aux Trois Sœurs (1900) et à La Cerisaie (1904)) excepté l’allégorie du changement ainsi que la condamnation futile de la bourgeoisie brésilienne aux mœurs analogues à celles de la populace, dont on retrouve pêle-mêle les adultères, les querelles, l’éducation genrée, la consommation de drogues/d’alcool, les festivités, etc.
Bien que l’on subodore aussi l’influence de Jean Renoir, réalisateur phare de La Règle du jeu (1939), ces échanges intergénérationnels et rapports de classe teintés d’humour grivois produisent peu d’effet. La photographie passable fait que Domingo restitue les apparences de la réalité à la façon d’un documentaire où l’on aurait incorporé des personnages de soap-opera.
Bien entendu, on salue le message sociopolitique que les coauteurs de Casa grande (2014) ont essayé de communiquer mais il aurait fallu lui réserver un traitement plus large en adoptant une narration moins psalmodique. 5/10