Don Angelo est mort est un film mineur de Richard Fleischer. Mais un film mineur de Richard Fleischer reste toujours un film intéressant à voir. Rien que la séquence d'ouverture, étonnante car quasi muette, témoigne du savoir faire de ce metteur en scène. Et il y aura comme ça, sur l'heure cinquante que compte le métrage, quelques idées qui, sur le plan formel, feront le sel du film, comme ce somptueux plan sur Anthony Quinn, dans son salon, assis sur une chaise, filmé dans un beau clair-obscur, comme revenu du monde des morts. De la belle ouvrage !
Car il faut l'avouer : on a connu Fleischer plus inspiré (se souvenir, par exemple, du tour de force de L'Etrangleur de Boston). De nombreux passages sont assez platement filmés et découpés, sans parler de certains décors extérieurs qui fleurent bon le tournage en studio. Don Angelo est Mort donne ainsi l'impression d'avoir été tourné à peu de frais, et c'est bien dommage quand on se paie Richard Fleischer (cheville ouvrière des studios parmi les plus talentueux de son époque), une star de la trempe d'Anthony Quinn, Jerry Goldsmith à la musique (qui, bien que réussie, livre une partition également plutôt mineure) et que l'on a un scénario aussi bien ficelé.
Ecrite par Christopher Trumbo et Marvin H. Albert d'après son roman, l'intrigue de ce film de gangsters, qui n'est pas sans rappeler Le Parrain, nous entraine dans cette escalade de représailles dans laquelle est piégé ce vieux Don interprété par Quinn. Une fois encore, alors que Richard Fleischer n'est pas à l'initiative du projet, il se retrouve à filmer un vieux monde sur le point de disparaître et l'avènement d'un nouveau dont les règles échappent totalement à l'ancienne génération, et ce la même année que Soleil Vert. Ce qui donne au film une dimension tragique forte intéressante.
Côté casting, si Robert Forster n'est pas vraiment convaincant et en fait parfois trop dans son rôle de tête brulée, Anthony Quinn et le charismatique Al Lettieri - acteur que Fleischer retrouvera dans le très sympathique Mr. Majestyk - assurent en revanche le spectacle.
Autant de qualités suffisantes pour apprécier ce petit moment de cinéma.