Brescello, 1972. Le concile Vatican II et 1968 sont déjà entrés dans l'Histoire, et Don Camillo reste campé dans ses conceptions du monde. Sa nièce maoïste s'installe chez lui et un curé d'une nouvelle génération est venu pour le conformer à la nouvelle liturgie.
L'ultime aventure du curé qui discutait avec Jésus et se bagarrait avec les communistes, une aventure maudite.
Ma note un peu élevée s'explique par un précieux petit reportage accompagnant le DVD, l'une des toutes dernières interviews de Fernandel, en août 1970 sur le tournage de ce qui devait être la dernière bagarre du prêtre qui lui avait apporté une notoriété sans pareille, que devait réaliser Christian-Jaque. Il y pointait avec justesse les changements nécessaires qui l'ont motivé à endosser la soutane une ultime fois (nécessaires au vu du contexte socio-politique de la fin des années 60), et le journaliste avait conclu en lui souhaitant qu'aucun malheur ne vienne perturber le tournage. Hélas, Fernandel sera foudroyé par une crise cardiaque consécutive à un cancer du poumon le 26 févier 1971, le film encore inachevé...
On ne sait pas trop pourquoi mais le film sera par la suite entièrement retourné, comme un remake avec une équipe cette fois 100% italienne (sauf Lionel Stander et Carole André), filmé en couleurs mais sans le scénario prévu pour Fernandel. Le résultat a le cul entre deux chaises, ni trop dramatique ni très drôle. Un plutôt bel effort de Gastone Moschin (Fanucci dans Le Parrain 2, il a aussi joué dans Le Conformiste), même s'il n'est jamais aussi drôle que Fernandel... Il a été doublé par Francis Lax en VF (le premier doubleur d'Harrison Ford, dans Star Wars et les deux premiers Indiana Jones), en essayant de prendre un accent méridional...
Son Don Camillo ne se caractérise plus que par son opiniâtreté dérisoire et une sorte de désemparement face à la marche du monde et au comportement libertaire de sa nièce, sa force ne lui est plus d'aucune aide et il n'y a plus de coups bas à porter à son adversaire devenu inoffensif (le parti communiste est maintenant fragmenté à cause des maoïstes et Peppone s'est reconverti dans l'électroménager), tout juste arrive-t-il à corriger un jeune loubard et à repousser pour un temps les modernisateurs de l'Eglise ainsi que les conservateurs d'art qui veulent s'en prendre au crucifix de l'église du village.
On compte beaucoup trop de ficelles déjà utilisées auparavant (un amour contrarié entre deux jeunes entre autres), il n'y a plus grand-chose pour relayer un scénario somme tout faiblard, ce que Gino Cervi et Fernandel arrivaient toujours à compenser sans mal par leur dynamique comique inégalée.
La meilleure scène reste probablement celle de l'inondation qui voit disparaître une maison sous les eaux furieuses de la crue du Pô. La toute fin d'une franchise en bout de course et qui aura tout donné, la fin d'un monde.