La séduction n'est plus ce qu'elle était

Serge Bozon fait partie de ces cinéastes à la personnalité singulière qui détestent les voies toutes tracées, prennent des risques et échouent parfois (souvent ?). D'où cette idée d'un Don Juan moderne est-elle venue, on l'ignore mais elle ne mène visiblement nulle part. La séduction (masculine) n'est plus ce qu'elle était dans le monde post #MeToo, est-ce que c'est la morale qui doit être retenue pour coller à l'air du temps ? Peut-être, mais l'illustration en est pataude, désincarnée pour ainsi dire, dans une enveloppe prétentieuse. Les moments chantonnés (ânonnés serait un terme presque plus juste) sont fort embarrassants et heureusement limités en nombre mais que Alain Chamfort, par ailleurs Commandeur majestueux et élégant , soit lui aussi obligé de se plier à l'exercice, avec une fausse maladresse, est très triste. Et Virginie Efira et Tahar Rahim, que sont-ils venus faire dans cette galère ? Jouer, bien sûr, puisque c'est le principe de leur métier mais ils n'ont pas vraiment l'air de s'amuser, l'une assez effacée avec ses différentes perruques et l'autre engoncé dans des costumes qui ne lui vont pas du tout. Ce Don Juan, que l'on espérait ludique, romantique et coloré comme un film de Jacques Demy, n'est rien d'autre que soporifique, sans doute la raison pour laquelle il ne figure que dans la section Cannes Première dans un festival où sa chance d'obtenir un prix était plus que réduite.

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le 24 mai 2022

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