Pas de doute, Adam McKay frappe une nouvelle fois très fort et appuie là où ça fait mal dans une Amérique moderne (et par extension un monde occidental) en proie aux doutes et aux divisions.
Sur fond de synopsis à la Deep Impact qui pousse à une résolution faussement Armageddon-esque, le metteur en scène (Vice, The Big Short) convoque un casting constellé pour conter la chute d'une comète venue des étoiles afin de déstabiliser un système vacillant mais paradoxalement inébranlable dans ses fausses certitudes déconnectées de la réalité.
Alors oui, on peut reprocher certaines longueurs, une forme de fouillis redondant, quelques personnages insuffisamment exploités (on aurait voulu en voir plus sur la relation quasi incestueuse Meryl "Sarah Palin Clinton Bush Trump" Streep/Jonah Hill, ou encore creuser plus en profondeur du côté du rôle de Ron Perlman inspiré du Commandant T.J. King Kong de Docteur Folamour) ou mis trop artificiellement en avant (Timothée Chalamet... est-il là simplement pour vendre le film ?), et aussi un équilibre sérieux-dramatique/satirique quelque peu bancal, mais comment ne pas se satisfaire d'une oeuvre très pertinente qui prend tout son sens dans notre réalité hyper-connectée en pleine illusion et désillusion ?
Nous avons donc ici un brûlot assez nécessaire à dévorer et analyser, porté par de brillants interprètes, Leonardo DiCaprio et Meryl Street en tête - sans oublier un Mark Rylance au protagoniste zombifié et déshumanisé par la réussite, qui pourrait même faire flipper tant on se demande si ce ne serait pas à quoi on assisterait vraiment en cas de tel scénario catastrophe.
Adam McKay dépoussière ainsi le "film apocalyptique" avec ce ton décalé et dénonciateur qui lui est propre. Et même si l'ensemble oscille entre parfois trop de sagesse (on aurait pu aller bien plus loin sur certains moments, d'où le) et un aspect tragique parfois mal amené, on se prend au jeu et on reste en haleine jusqu'à un véritable final feu d'artifice en plusieurs étapes (restez bien jusqu'à la fin du générique pour un fou rire ultime).
Sans atteindre le choc cinématographique de Vice, Don't Look Up - Déni cosmique restera comme l'un des brûlots les plus acerbes de cette année 2021 et l'un des meilleurs films de ces derniers mois paru sur la plateforme Netflix.