Adam McKay fait vraiment partie de mes réalisateurs actuels préférés. J'avais très hâte de découvrir ce Don't Look Up dont le pitch me paraissant si attrayant. Puis le casting a été annoncé et le projet n'en finissait plus de m'intriguer.
La majorité du grand public le connaît d'abord par Frangins malgré eux et The Anchorman dont le statut de film culte pris tant d'envergure avec le temps qu'une suite arriva enfin presque dix ans après.
McKay est toutefois un plus grand amateur de la satire sociale du second exemple, plus que de la comédie potache (mais efficace) de Frangins malgré eux.
Un exercice que McKay se plait à réaliser à divers degrés au fil de sa carrière, que ce soit la moquerie piquante du journalisme dans The Anchorman et sa suite par la grandiloquence abrutie de Ron Burgundy et son entourage, au portrait d'une Amérique cynique et absurde en parlant d'une crise financière dans The Big Short, en passant par la fresque politico-sarcastique encapsulée par le biopic sur Dick Cheney aka Vice.
Déjà la comédie plus simple The Other Guys (Very Bad Cops dans nos verts pâturages...) ne manquait pas d'observations en approchant certains thèmes chers à McKay comme la politique et la bourse.
Quand on regarde tous ces thèmes, on devine bien qu'Adam McKay a des choses à dire et raconter. Au delà de leur première étiquette de film de comédie, tous ses films ont un ou des commentaires en sous-texte.
Au delà des comédies plus ou moins avouées (Vice est globalement très terre-à-terre mais il n'en demeure pas moins satirique et parfois très drôle), McKay nous peint donc un constat : nous mentons, nous ne communiquons pas correctement entre nous, la compétitivité peut être extraordinairement néfaste, et tout cela va en empirant à mesure qu'on parle d'individus aux classes (quelles qu'elles soient) de plus en plus élevées, avec les sommets atteints par les élites politiques, entrepreneuriales et financières.
Rien de bien neuf ou même d'extraordinaire, mais j'aime la façon dont il s'en sert pour tapisser ses films de consistance et de messages de fond, d'autant que ça rend ses films encore meilleurs et reconnaissables quand on commence à connaître le travail du bonhomme.
Avec le pitch de Don't Look Up, il y avait donc fort à parier que McKay allait avoir, une fois encore, pas mal de choses à raconter. À peu de choses près on aurait pu s'attendre, soit à une approche sous stéroïde de TBS, soit à une comédie plus typée façon Anchorman.
Finalement McKay semble avoir opté pour un petit patchwork de ses travaux. Je retrouve dans ce Don't Look Up un peu de Anchorman, un peu de The Big Short, un peu de Vice, et un peu de The Other Guys, et je dois admettre que si j'ai plus fréquemment senti des passages à vide qu'espéré, le film ne m'a vraiment pas laissé indifférent.
Je pense qu'il va falloir un revisionnage ou deux avant de réellement me positionner, car McKay nous sert quelque chose d'assez chargé mine de rien.
Par exemple rien qu'en assumant son pitch jusqu'au bout, le film réalise déjà quelque chose que je trouve remarquable : être un pied de nez aux films catastrophe et plus globalement aux films d'action certes spectaculaires mais souvent vains. Des menaces d'extinctions qui se trouvent contrées par la bravoure et l'effort humains, on nous en sert jusqu'à plus soif. Nous en redemandons et en redemanderons encore. Nous avons ce besoin vicié et vicieux d'action et de menaces sans conséquences quand de réelles actions et menaces ont de réelles conséquences dans la vraie vie.
Le film assume ses positions, en plus de proposer quelques rares plans que je trouve mille fois plus beaux et mémorables que n'importe quel morceau bourré d'explosion de Michael Bay et autres Roland Emmerich surtout si on doit mentionner leurs derniers efforts de guerre.
Et ce genre d'interprétations fourmille dans ce film. Elles sont parfois un peu trop indigestes ou directes comme les nombreux parallèles avec des personnages réels (on pensera évidement au clan Trump, à Alex Jones ou encore à cette drôle de fusion entre Bezos, Zuck et Jobs) ou au contraire trop survolée, comme un certain perso qui est une tentative selon moi d'afficher un semblant de zèle religieux au moment où on s'y attendrait le moins et qui résulte en une attention que je trouve ma foi touchante, mais qui aurait pu éventuellement être plus que ça.
Un petit mot sur le casting : d'ordinaire j'ai du mal avec Jennifer Lawrence,mais son jeu pisse-froid marche parfaitement avec le rôle qui lui était échu, DiCaprio est impeccable, quoique parfois en retrait dans le grand ordre des choses, mais les discours de son perso sont un écho assez évident à ses propres combats, sa propre présence et p'tet bien ses propres démons. Rien à signaler pour le reste du casting, ils sont toutes et tous impeccables avec Rylance toutefois qui survole légèrement le reste de la troupe avec son perso si.... enfin vous verrez bien.
Un film qui m'aura souvent fait sourire, parfois bien fait rire (parfois bien grassement même), mais aussi touché, et même impressionné.
Un vrai film catastrophe, une vraie comédie, un vrai drame, un vrai commentaire social. Je regrette juste un petit problème de rythme, et une écriture peut-être pas assez... raffinée ? C'est là que les revisionnages et le temps joueront leur rôle.