Donnie Darko par Kroakkroqgar
Le pitch, annonçant pèle-mêle schizophrénie, fin du monde et lapins, a de quoi intriguer. Malheureusement, si le film peut dérouter le spectateur, il semble lui-même avoir perdu sa voie.
Le scénario, complexe, énigmatique, semble se perdre dans les thèmes qu'il aborde. Entre les hallucinations de Donnie, l'énigme du voyage dans le temps, la critique de l'éducation, le mystère semble se densifier au court du temps, sans vraiment savoir comment il se résoudra lui-même. Le final n'apporte pas vraiment les réponses qu'on aurait pu en attendre, et même l'explication détaillée du scénario n'est pas particulièrement convaincante, puisqu'il repose sur une théorie métaphysique saugrenue. Dans le même esprit, le film introduit une flopée de personnages, dont l'intérêt se révélera plutôt limité : Cherita Che ne sert à rien, Roberta Sparrow ne semble n’être qu'une nécessité scénaristique, même la présence des deux caïds ne semblent pas justifiée.
En revanche, le réalisateur parvient à monter une atmosphère intéressante, tour à tour malsaine dans les hallucinations de Donnie, et plus sympathique dans des scènes de vie quotidiennes. Le même contraste se fait entre la vidéo d'éducation presque sectaire qui met mal à l'aise, et des passages très légers, comme lorsque Donnie intervient dans la conférence de Jim Cunnigham. Certaines scènes sont même franchement drôles, comme le coup du "Il y a un gros qui nous regarde".
A côté de ça, les acteurs sont surprenants. Jake Gyllenhaal tient la route dans un rôle pas forcément évident, mais on sera particulièrement étonné de voir Patrick Swaize en perturbant bon penseur. La réalisation, somme toute assez classique, offre quelques instants réussis comme les quelques plans où la caméra pivote sur elle même. Mais c'est surtout dans les phénomènes fantastiques que le réalisateur excelle : le lapin Frank est vraiment angoissant, et les effets spéciaux du film sont très bons. On pourra peut-être encore trouver que la bande-originale n'est pas complètement convaincante, même si le Mad World final fait plaisir aux oreilles.
Un film à l'intrigue loufoque et peu convaincante, rattrapé par son ambiance.