Un jeu de piste et une aventure pour évoquer le drame absolu des enfants volés sous le franquisme : il n'est pas certain que Victor Iriarte, pour son premier long-métrage, ait choisi la voie la plus facile ni hélas la plus convaincante. Passé un préambule opaque et maniéré, le film s'engage délibérément dans une narration d'un formalisme achevé qui va totalement à l'encontre de la recherche de l'émotion. Il y avait de quoi raconter sur un tel sujet, pourtant, mais le cinéaste s'est embarqué dans une continuité en voix (au pluriel) off, autour des deux mères d'un jeune garçon, se permettant même des emprunts au film noir ou au récit d'aventures, avec d'improbables péripéties, sur la fin, pour couronner le tout. Et parfois, pour faire joli, le film digresse vers des parenthèses musicales, qui déconnectent encore davantage, comme si c'était nécessaire, du cœur de l'intrigue. Lola Dueñas et Ana Torrent font ce qu'elles peuvent pour ne pas nous faire oublier que Sobre todo de noche est sur le papier une histoire empreinte d'humanité, rappelant au passage des heures sombres de l'histoire récente de l'Espagne mais, à l'impossible, elles ne sont pas tenues. L'intérêt pour le film s'est dilué très tôt, dans un festival de préciosité totalement contre-productif.