Un éditeur, un écrivain, une actrice, une assistante parlementaire ... Les personnages de Doubles vies ne représentent pas vraiment la France profonde. Et alors ? Il y a une belle ironie dans ce film qui n'est pas loin de caricaturer la comédie sentimentale à la française, très proche de l'image qu'a le cinéma français à l'étranger, que ce soit pour le louer ou le critiquer. Assayas, qui a toujours réalisé des films très écrits, littéraires même, parle ici d'un petit univers qu'il connait bien, celui des intellectuels parisiens qui pérorent sur l'état du monde et de la culture tout en menant une vie qui ne respecte pas nécessairement la morale qu'ils mettent dans les affaires qui ne ressortent pas du domaine privé. A l'écran, cela donne un long-métrage que certains jugeront sans doute trop bavard, un cinéma en chambre qui s'écoute quelque peu penser. Tout ce qui est dit n'est d'ailleurs pas d'une suprême intelligence mais c'est précisément dans le regard mi-moqueur, mi attendri d'Assayas vis-à-vis de ses personnages que réside l'intérêt principal de Doubles vies. Et notamment sur leurs petits mensonges et tromperies entre amis et au sein du couple dans une redéfinition de la carte du tendre, certes aucunement révolutionnaire mais totalement dans l'air du temps. S'y ajoute la manière élégante d'Assayas, avec une mise en scène sans ostentation mais comme souvent chez lui d'une grande fluidité. En outre, les acteurs sont à la fête dans son cinéma et brillent de mille feux de Canet à Binoche en passant par Macaigne et la moins connue mais toute aussi excellente Nora Hamzawi.